Massacre au Burkina Faso : l’armée aurait exécuté plus de 200 civils, dont 56 enfants

Par Afrik.com  -  26 avril 2024 07:41

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Des soldats burkinabè auraient sommairement exécuté au moins 223 civils, dont 56 enfants, dans deux villages du nord du pays, le 25 février 2024, a déclaré Human Rights Watch. Ces tueries, qui comptent parmi les pires atrocités commises par l’armée burkinabè, depuis 2015, semblent s’inscrire dans le cadre d’une campagne généralisée de l’armée contre des civils accusés de collaborer avec des groupes islamistes armés. Elles pourraient constituer des crimes contre l’humanité.

Les soldats ont tué 44 personnes, dont 20 enfants, dans le village de Nondin, et 179 autres, dont 36 enfants, dans le village voisin de Soro, tous deux situés dans le district de Thiou, province du Yatenga, dans le nord du pays. C’est ce qu’a déclaré, le 25 avril, Human Rights Watch (HWR) qui publie un rapport documenté sur ces graves accusations. L’ONG demande que les autorités burkinabè ouvrent, de toute urgence, une enquête approfondie sur ces massacres. Mais avec le soutien de l’Union africaine et des Nations Unies, afin d’en garantir l’indépendance et l’impartialité.

Des massacres réguliers

« Les massacres perpétrés dans les villages de Nondin et Soro ne sont que les derniers exemples d’exactions commises contre des civils par l’armée burkinabè dans le cadre de ses opérations de contre-insurrection« , a déclaré Tirana Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch. « L’échec continu des autorités burkinabè à prévenir de telles atrocités et à mener des enquêtes démontre la nécessité d’un appui international afin de garantir une enquête indépendante crédible sur de potentiels crimes contre l’humanité. »

Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques avec 23 personnes, dont 14 témoins des tueries, trois activistes de la société civile locale et trois membres d’organisations internationales. Les chercheurs ont également vérifié des vidéos et des photographies partagées après les tueries par des survivants, dont certains étaient blessés.

Des villageois ont déclaré que le 25 février, des membres des forces armées se sont d’abord rendus à Nondin avant de se diriger vers Soro, à cinq kilomètres. Ils pensent que les tueries ont été perpétrées en représailles à une attaque menée par des combattants islamistes contre un camp de soldats et de miliciens burkinabè situé à l’extérieur de la capitale provinciale, Ouahigouya, à environ 25 kilomètres de Nondin, un peu plus tôt dans la journée.

Des témoins décrivent des scènes d’horreur

Des témoins ont décrit des scènes d’horreur au cours desquelles des soldats ont ordonné à des personnes de sortir de leurs maisons, les ont rassemblées et les ont exécutées. Ils ont déclaré que les soldats avaient tué plusieurs dizaines de personnes en moins d’une heure, en tirant sur des groupes ou sur des individus qui tentaient de fuir.

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Les autorités devraient rapidement accorder des réparations adéquates, notamment une indemnisation, ainsi qu’un soutien aux moyens de subsistance et l’accès à des soins médicaux et psychologiques de long terme pour les survivants des deux attaques, a déclaré Human Rights Watch.

Human Rights Watch appelle également à un soutien international accru pour aider le Burkina Faso à sortir du cycle de violence et d’impunité. Cela inclut un soutien aux efforts de réforme du secteur de la sécurité, aux enquêtes sur les crimes graves et aux initiatives de justice transitionnelle.

Le rapport complet de Human Rights Watch, « Burkina Faso : L’armée massacre 223 villageois », est disponible sur le site web de l’organisation