11 ans de prison pour une femme sortie sans abaya en Arabie Saoudite

Par lanouvelletribune  -  2 mai 2024 22:58

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La condamnation récente de Manahel al-Otaïbi à 11 ans de prison par un tribunal antiterroriste saoudien a suscité une vague de critiques internationales. Manahel, une activiste et professeure de fitness de 29 ans, a été arrêtée en novembre 2022 pour avoir défié les normes vestimentaires strictes imposées aux femmes en Arabie Saoudite et pour ses publications sur les réseaux sociaux.

Les organisations de défense des droits de l’homme, telles qu’Amnesty International et ALQST, ont signalé que le verdict, prononcé le 9 janvier lors d’une audience secrète, ne fut divulgué que plusieurs semaines plus tard. Selon ces groupes, les autorités saoudiennes ont répondu aux Nations unies que Manahel était jugée pour des infractions liées au terrorisme, sans lien avec ses actions militantes ou ses opinions exprimées en ligne.

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L’affaire a pris une tournure plus sombre avec la révélation d’une période de disparition forcée. Manahel al-Otaïbi a été incommunicado de novembre 2023 à la mi-avril, période durant laquelle sa famille et ses proches étaient sans nouvelles. Sa réapparition en avril n’a fait que renforcer les inquiétudes concernant son bien-être et les conditions de sa détention.

Foz al-Otaïbi, la sœur aînée de Manahel, elle-même suivie par 2,5 millions de personnes sur Snapchat, a également été ciblée par les autorités saoudiennes. Craignant pour sa propre sécurité, elle a choisi de fuir l’Arabie Saoudite après avoir été convoquée pour un interrogatoire en 2022.

Face à cette situation, Lina al-Hathloul d’ALQST a appelé à la libération immédiate et inconditionnelle de Manahel al-Otaïbi ainsi que de toutes les personnes détenues pour avoir pacifiquement défendu leurs droits humains en Arabie Saoudite. Elle a exhorté les autorités à garantir la sécurité de Manahel ainsi que son accès à des soins médicaux adéquats en attendant sa libération.

Cette affaire intervient dans un contexte où l’Arabie Saoudite, malgré certaines réformes récentes comme l’abolition de l’obligation de porter l’abaya et la levée de l’interdiction de conduire pour les femmes, continue de faire face à des accusations de discriminations persistantes et de répression des droits des femmes. En effet, une loi sur le statut personnel adoptée en 2022 continue d’être critiquée pour son caractère discriminatoire envers les femmes, notamment en matière de mariage, de divorce et d’éducation des enfants.

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