Au cœur de la transformation économique de l’Arabie Saoudite se trouve Neom, un projet de mégapole futuriste présenté récemment lors d’une exposition à Hong Kong. Ce projet ambitieux, qui est la pierre angulaire de la stratégie Vision 2030 du prince Mohammed ben Salman, vise à reconfigurer l’économie saoudienne en s’éloignant des combustibles fossiles pour se tourner vers l’innovation et la technologie. Toutefois, l’ampleur et les coûts associés au projet soulèvent des inquiétudes quant à sa viabilité financière et géopolitique.
Le projet Neom en question
Neom est conçu pour être une cité intelligente et écologique, s’étendant sur des milliers de kilomètres carrés et dotée d’infrastructures avant-gardistes telles que « The Line » — deux gratte-ciel destinés à loger près de neuf millions de personnes. Le projet inclut également un réseau de tunnels souterrains permettant des déplacements rapides entre différentes zones et une station de ski en plein désert. L’investissement nécessaire pour réaliser ces ambitions pourrait atteindre plusieurs trillions de dollars, une somme astronomique même pour un pays riche en pétrole comme l’Arabie Saoudite.
L’alliance sino-saoudienne et ses risques
L’exposition à Hong Kong a également mis en lumière la coopération croissante entre l’Arabie Saoudite et la Chine, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle et des technologies de surveillance. Cette alliance avec la Chine, qui voit en Neom un vaste champ d’opportunités économiques, suscite cependant l’inquiétude des États–Unis selon Business Insider. L’administration Biden, tout en cherchant à normaliser les relations entre l’Arabie Saoudite et Israël, presse Riyad de limiter ses interactions technologiques avec Pékin, surtout à cause des implications en termes de sécurité et de protection des données.
Les technologies de surveillance : une épée à double tranchant
Le recours à la technologie de surveillance chinoise, moins regardante sur la protection des données personnelles, rend Neom attrayante pour certains, mais pose des questions éthiques importantes. La ville est envisagée non seulement comme un modèle de développement durable mais aussi comme un centre de surveillance où les mouvements et les données des résidents pourraient être étroitement surveillés et contrôlés. Cette perspective, selon certains analystes, pourrait transformer Neom en une « ville de surveillance« , où la technologie sert plus à contrôler qu’à libérer ses habitants.
Bien que Neom représente une vision audacieuse pour l’avenir économique et technologique de l’Arabie Saoudite, les risques associés sont non négligeables. Entre les défis financiers gigantesques et les complications géopolitiques, notamment avec les États-Unis, l’Arabie Saoudite pourrait se retrouver à naviguer dans des eaux tumultueuses. Les décisions prises par Riyad dans les prochaines années détermineront non seulement le destin de Neom mais pourraient également redéfinir ses alliances internationales et sa place sur l’échiquier mondial. La balance entre innovation audacieuse et surveillance intrusive sera cruciale pour le succès ou l’échec de ce projet pharaonique.