La culture et le trafic de cannabis représentent depuis des décennies une activité lucrative au Maghreb, particulièrement dans la région du Rif marocain. Cette zone montagneuse, connue pour ses vastes plantations de cannabis, alimente les réseaux criminels européens via des routes traditionnelles passant par l’Espagne. Les trafiquants ont longtemps utilisé des bateaux rapides, des véhicules terrestres et même des mules humaines pour acheminer leur marchandise, générant des revenus estimés à plusieurs milliards d’euros par an.
Une technologie ukrainienne au service des trafiquants
L’innovation technologique vient bouleverser les méthodes traditionnelles de contrebande. La police espagnole a démantelé à Algésiras un réseau criminel qui utilisait des drones de fabrication ukrainienne pour transporter du haschisch marocain. Ces engins, assemblés artisanalement mais sophistiqués, peuvent embarquer jusqu’à 10 kilogrammes de drogue par trajet. Le parcours des appareils, depuis leur fabrication en Ukraine jusqu’à leur utilisation dans le détroit de Gibraltar, illustre la complexité des réseaux criminels internationaux.
Une logistique bien huilée
Les trafiquants avaient mis au point une méthode aussi audacieuse qu’efficace. Leurs drones survolaient les 13 kilomètres du détroit de Gibraltar, effectuant des livraisons sans même atterrir grâce à un système de largage de la marchandise. Cette technique permettait aux appareils de retourner immédiatement au Maroc, minimisant les risques de détection. L’opération policière a permis la saisie de trois drones, dont un en cours de fabrication, ainsi que du matériel de contrôle à distance et des outils de réparation.
Une coopération internationale face à l’évolution des menaces
L’intervention coordonnée des autorités espagnoles, ukrainiennes et polonaises témoigne de la nécessité d’une réponse transnationale face à ces nouveaux défis. Dix suspects ont été appréhendés, dont sept ont été placés en détention provisoire. Cette affaire révèle comment les organisations criminelles adaptent leurs méthodes en exploitant les avancées technologiques. La miniaturisation des drones et leur accessibilité croissante créent de nouveaux défis pour les forces de l’ordre, contraintes d’adapter leurs stratégies de surveillance et d’interception.