Maghreb: la Russie veut bousculer la France dans ce pays

Par lanouvelletribune  -  19 janvier 2025 06:28

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La bataille commerciale entre Moscou et Paris prend une nouvelle tournure au Maroc où le géant russe bouleverse les équilibres traditionnels du marché du blé. Premier producteur mondial avec ses 85 millions de tonnes annuelles, la Russie tire parti de ses atouts agricoles pour imposer sa présence sur un territoire longtemps considéré comme le pré carré français.

Les nouvelles règles du jeu céréalier

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 700 000 tonnes de blé russe ont déferlé sur le marché marocain entre juillet et novembre derniers, tandis que la France se contentait de 300 000 tonnes. Cette percée russe redéfinit les rapports de force dans la région, d’autant que Moscou ambitionne d’atteindre le million de tonnes pour la campagne 2024/2025. L’offensive russe profite d’un double avantage : des prix défiant toute concurrence et une qualité protéique qui satisfait les exigences locales.

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Une vulnérabilité française mise à nu

La stratégie russe au Maroc fait écho à ses récents succès en Algérie, où Paris a perdu son statut de fournisseur privilégié. Les céréaliers français, déjà fragilisés par une production historiquement basse de 26,3 millions de tonnes, voient leurs positions s’éroder sur l’ensemble du Maghreb. Les projections d’Intercéréales France révèlent l’ampleur du recul : les exportations vers le Maroc devraient chuter de 53,5%, passant de 2,8 millions à 1,5 million de tonnes.

L’impératif marocain face à la sécheresse

Le royaume chérifien, confronté à une sécheresse dévastatrice, se trouve contraint de diversifier ses approvisionnements. Avec une production locale effondrée à 3,3 millions de tonnes, soit à peine un tiers de ses besoins, le pays doit importer massivement pour nourrir une population dont la consommation atteint 288 kg de blé par habitant et par an. Cette dépendance accrue aux importations, estimées à 7,5 millions de tonnes pour 2024/2025, offre à la Russie une opportunité historique de s’imposer comme un partenaire incontournable, au détriment des fournisseurs européens traditionnels comme la France, la Roumanie ou la Pologne.