
Dès son entrée en fonction, l’ancien président Trump a entrepris une refonte radicale de l’aide internationale, ciblant notamment l’USAID. Son décret, signé le jour de son investiture, prévoyait la suspension des décaissements de fonds destinés à l’aide humanitaire pour quatre-vingt-dix jours, dans l’optique d’un vaste réexamen des programmes et d’une réduction significative de l’appareil de l’agence. Cette initiative, soutenue par des alliés comme Elon Musk, faisait écho à une volonté affirmée de revoir l’ensemble des engagements financiers américains à l’étranger, en remettant en cause des dispositifs jugés incompatibles avec une nouvelle vision de la politique étrangère.
Un arbitrage judiciaire face aux mesures présidentielles
Les intentions de remodeler l’aide étrangère se heurtent désormais à une décision de justice qui impose un arrêt temporaire au gel des fonds. Le juge Amir Ali a en effet ordonné que les décaissements liés aux contrats et accords en vigueur au 19 janvier 2025 se poursuivent, contrecarrant ainsi le décret présidentiel. En bloquant l’interruption des versements, la justice assure la continuité de financements indispensables à la mise en œuvre de projets en cours, permettant aux partenaires de l’USAID de ne pas se retrouver brusquement démunis dans un contexte international déjà complexe.
Répercussions sur les programmes d’aide et les acteurs humanitaires
Ce revirement judiciaire intervient dans un climat de tension où la politique de refonte de l’aide internationale a déjà provoqué des perturbations majeures. Des ONG telles qu’Action contre la Faim ont annoncé la suspension d’une cinquantaine de projets dans divers pays, tandis que Norsk Folkehjelp envisage de réduire fortement ses effectifs. L’USAID, qui gère un budget de 42,8 milliards de dollars et représente une part importante de l’aide internationale mondiale, se trouve au cœur d’un débat sur la pertinence d’une révision en profondeur de ses activités. Si le décret de Trump visait à recentrer les financements sur des critères jugés plus en phase avec des intérêts nationaux, les conséquences sur le terrain se traduisent par une paralysie de programmes essentiels, mettant en péril des initiatives de lutte contre la corruption, la criminalité organisée et les inégalités dans plusieurs régions.
La décision du juge, qui permet de maintenir les flux financiers malgré la volonté d’un remaniement immédiat, laisse entrevoir des enjeux multiples. Alors que les autorités cherchaient à s’affranchir d’un système qualifié de bureaucratique et à réduire drastiquement l’effectif de l’USAID, le refus de suspendre les décaissements offre un répit aux acteurs de l’aide humanitaire. Toutefois, le climat d’incertitude persiste et soulève des questions sur la capacité de l’administration à concilier des réformes internes ambitieuses et la nécessité de respecter des engagements internationaux déjà contractés. Cette situation complexe rappelle que toute modification du dispositif d’aide internationale a des répercussions immédiates sur des millions de personnes dépendantes de ces ressources pour faire face aux défis globaux.