
Depuis 2017, les relations entre Donald Trump et James Comey n’ont cessé de se détériorer, donnant lieu à l’un des bras de fer les plus virulents de la politique américaine récente. L’ancien directeur du FBI, limogé brutalement par Trump alors qu’il supervisait une enquête sensible sur de potentielles ingérences russes dans l’élection présidentielle, est devenu depuis un symbole de résistance pour certains et de trahison pour d’autres. Trump, qui n’a jamais digéré ce limogeage qu’il justifiait par une « mauvaise gestion », n’a cessé de dépeindre Comey comme un homme « malhonnête« , allant jusqu’à le qualifier de « pire directeur du FBI de l’histoire« . De son côté, Comey, loin de rester silencieux, a multiplié les interventions publiques, souvent critiques, nourrissant une rivalité qui ressemble moins à un simple différend professionnel qu’à une vendetta politique. Cette relation délétère, ancrée dans la défiance et les accusations croisées, donne aujourd’hui un nouvel épisode aux allures inquiétantes.
Une enquête fédérale déclenchée après une photo
Les services de sécurité américains prennent la menace très au sérieux. Le ministère de la Sécurité intérieure a confirmé qu’une enquête officielle a été lancée, en collaboration avec le Secret Service, pour déterminer la nature exacte d’un message publié récemment sur les réseaux sociaux par James Comey. L’ancien patron du FBI a en effet partagé une image apparemment innocente : des coquillages formant les chiffres « 86 47 » sur le sable. Mais dans certains cercles, le chiffre 86 est interprété comme un code pour « éliminer », tandis que 47 pourrait désigner Trump, devenu 47e président des États-Unis après son retour au pouvoir.
Cette coïncidence n’est pas passée inaperçue. Kristi Noem, ministre de la Sécurité intérieure, a déclaré que la photo pouvait être interprétée comme un appel déguisé à la violence, affirmant même que Comey aurait « appelé à l’assassinat du président Trump ». Une accusation d’une extrême gravité, qui justifie l’ouverture d’une enquête fédérale en bonne et due forme. Les investigations visent à établir si cette publication constitue une menace crédible ou simplement un geste maladroit.
Une polémique qui relance les tensions
Face à l’ampleur de la polémique, James Comey a tenté de calmer le jeu. Il a supprimé la publication et expliqué qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un message à caractère violent. Selon lui, les chiffres photographiés sur la plage n’étaient qu’un clin d’œil esthétique sans signification politique. Il affirme ne pas avoir eu conscience des interprétations possibles liées à cette combinaison de chiffres.
Mais dans un pays marqué par des clivages politiques extrêmes et une méfiance généralisée, les symboles peuvent vite devenir explosifs. Pour les proches du président, cette affaire alimente l’idée que certaines figures de l’ancien appareil d’État n’ont jamais accepté le retour de Trump au pouvoir. L’incident illustre une forme de radicalisation larvée, où les désaccords ne s’expriment plus uniquement par le débat, mais à travers des gestes ambigus susceptibles d’alimenter la paranoïa ou de semer la confusion.
Une sécurité présidentielle plus que jamais sur le qui-vive
Ce nouvel épisode ravive les inquiétudes autour de la sécurité de Donald Trump, récemment revenu à la Maison-Blanche dans un climat tendu. L’ouverture d’une enquête par les autorités fédérales témoigne d’une vigilance accrue face à toute menace potentielle, même voilée. Elle rappelle aussi que la fonction présidentielle, aussi puissante soit-elle, n’immunise pas contre les soupçons ou les dangers, surtout lorsqu’un ancien haut responsable est au cœur de la tourmente.
Ce qui pourrait passer ailleurs pour une maladresse est ici traité avec la plus grande attention. Car aux États-Unis, un simple post peut devenir l’élément déclencheur d’une tempête politique et sécuritaire. Dans un contexte où les mots sont scrutés, les images analysées et les intentions constamment suspectées, l’affaire « 86 47 » montre que la présidence de Donald Trump, loin de ramener l’apaisement, reste un terrain miné.