Pourquoi les pressions de Trump ne marchent pas avec Poutine ? (ni Xi Jinping...)

Par lanouvelletribune  -  15 septembre 2025 19:58

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La rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Anchorage en août 2025 a illustré les limites de l’approche américaine vis-à-vis de Moscou. Le président américain a menacé de nouvelles sanctions et ordonné le déplacement de sous-marins nucléaires, sans obtenir de concessions majeures. La guerre en Ukraine reste au cœur du blocage, Kiev refusant les conditions posées par la Russie. Cette séquence diplomatique interroge sur l’efficacité des méthodes de Trump, qui semblent plus contraignantes pour ses alliés que pour ses rivaux stratégiques. L’expérience montre que Pékin et New Delhi suivent également cette logique de résistance.

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Une méthode qui pèse davantage sur les partenaires que sur les adversaires

La stratégie de Donald Trump repose sur une combinaison de menaces économiques et de gestes spectaculaires, souvent conçus pour forcer la main à ses interlocuteurs. Sur le plan commercial, cette méthode a déjà produit des résultats tangibles. Les hausses de droits de douane imposées aux partenaires de l’Union européenne ou au Canada ont conduit à des ajustements rapides afin d’éviter un conflit prolongé. La dépendance de ces économies au marché américain a joué un rôle central, donnant à Washington un levier efficace.

Le contraste est marqué lorsqu’il s’agit d’acteurs qui disposent de marges de manœuvre plus larges. Avec la Russie, Trump a brandi la menace de sanctions renforcées, mais celles-ci étaient conditionnées à l’arrêt des achats de pétrole russe par l’ensemble des pays de l’OTAN, une exigence difficile à mettre en œuvre. La manœuvre a eu une portée limitée puisque Moscou s’appuie déjà sur des circuits alternatifs, en particulier via ses exportations vers l’Asie. Pour de nombreux analystes, ce type de pression agit surtout comme un signal politique destiné aux opinions publiques, plus que comme un outil de négociation réellement contraignant.

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Poutine, Modi et Xi : une résistance commune

La rencontre entre Trump et Vladimir Poutine n’a pas abouti à une avancée sur la guerre en Ukraine. Le président russe a maintenu ses conditions, notamment la venue de Volodymyr Zelensky à Moscou, rejetée par Kiev. Le déploiement de deux sous-marins nucléaires américains, annoncé après les propos de Dmitri Medvedev, est resté symbolique. L’absence de réponse concrète de Moscou illustre la difficulté de cette diplomatie de pression lorsqu’elle s’adresse à un acteur déjà engagé dans une confrontation prolongée.

Le constat dépasse le cas russe. Avec Narendra Modi, Trump n’a pas réussi à infléchir la politique d’achat de pétrole russe par l’Inde, New Delhi cherchant à préserver son autonomie stratégique. De même, face à Xi Jinping, la guerre commerciale s’est traduite par des contre-mesures chinoises, sans que Pékin ne cède sur ses priorités industrielles et technologiques. Ces exemples soulignent que les leviers utilisés par Washington trouvent plus de limites face à des puissances qui disposent de marchés intérieurs solides et de partenariats diversifiés.

Pourquoi les adversaires résistent davantage

La relative inefficacité de ces pressions tient à plusieurs facteurs. Les puissances considérées comme rivales par Washington disposent d’une autonomie stratégique plus marquée et de relais économiques leur permettant de compenser les effets des sanctions. La Russie a renforcé ses liens commerciaux avec l’Asie, la Chine bénéficie de son immense marché intérieur et d’une industrie technologique en expansion, tandis que l’Inde tire parti de sa position d’acheteur incontournable sur le marché énergétique mondial.

À cela s’ajoutent les capacités militaires de ces pays. Moscou conserve un arsenal nucléaire de premier plan, Pékin modernise rapidement ses forces armées et New Delhi poursuit un programme de défense qui en fait une puissance régionale incontournable. Ces éléments réduisent la marge de manœuvre de Washington, car la menace militaire ou économique ne suffit pas à modifier leur position politique. Enfin, leur posture diplomatique s’appuie sur une logique de souveraineté affirmée et de refus d’ingérence, rendant toute concession plus coûteuse en termes de crédibilité intérieure. Cette combinaison de facteurs économiques, stratégiques et militaires explique pourquoi les pressions américaines trouvent leurs limites face aux adversaires de Washington.