
Une étude menée aux États-Unis attire l’attention sur les effets cumulés des expositions aux rayons X. Les chercheurs estiment que l’usage répété des scanners pourrait être lié à des milliers de cas de cancers évitables chaque année. Cette analyse soulève la question du rapport entre bénéfices médicaux et risques à long terme. L’alerte intervient alors que l’imagerie médicale reste un outil central dans les systèmes de santé modernes. Elle relance aussi le débat sur l’optimisation des doses et l’usage raisonné des technologies radiologiques.
Risques associés aux expositions répétées
Les travaux publiés par une équipe de l’université de Californie évoquent un chiffre marquant : près de 103 000 cancers potentiellement liés aux examens scanners réalisés en 2023 aux États-Unis. Selon les auteurs, les organes les plus exposés sont le poumon, le côlon, la vessie, le sein, la thyroïde et le sang. Ces résultats rejoignent les évaluations de l’OMS et de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), qui rappellent qu’une dose répétée de rayonnements ionisants peut accroître le risque de développer un cancer à long terme. Le risque est plus marqué chez les enfants et les adolescents, dont les tissus sont particulièrement sensibles.
Le débat scientifique porte aussi sur l’existence ou non d’un seuil en dessous duquel l’exposition serait négligeable. Le modèle le plus répandu considère que chaque dose, même faible, contribue au risque global. Cette approche explique pourquoi la communauté médicale insiste sur la justification de chaque examen et sur l’optimisation des protocoles. Plusieurs hôpitaux européens indiquent travailler à réduire la dose délivrée sans compromettre la qualité des images, un sujet sur lequel des solutions technologiques sont régulièrement proposées par les industriels. C’est également un domaine où des études complémentaires sont en cours, et dont les résultats pourraient alimenter des politiques de santé publique à venir.
Les scanners, entre progrès médical et vigilance
Les scanners, apparus dans les années 1970, ont transformé le diagnostic médical. Ils permettent de détecter des pathologies graves comme les cancers, les AVC ou les traumatismes internes. Utilisés quotidiennement dans des milliers d’hôpitaux, ils sauvent des dizaines de milliers de vies chaque année en facilitant une prise en charge rapide et adaptée. En France comme ailleurs, les protocoles d’urgence s’appuient largement sur cette technologie, notamment dans les services de neurologie et de traumatologie. Ce rôle essentiel explique pourquoi les professionnels de santé défendent son usage raisonné, plutôt que sa limitation systématique.
Sur le plan réglementaire, l’Union européenne impose depuis 2018 que tout examen utilisant des rayons X soit préalablement justifié par un médecin. Cette directive vise à limiter les pratiques de surprescription et à renforcer la protection des patients. Par ailleurs, certaines associations médicales travaillent à sensibiliser le grand public afin qu’il s’interroge sur la pertinence d’un examen avant de l’accepter. Des campagnes de communication invitent aussi les patients à demander des alternatives lorsque cela est possible, comme l’échographie ou l’IRM, qui n’exposent pas aux rayonnements ionisants. Les experts s’accordent sur un point : si les scanners restent indispensables, leur usage doit être encadré et ajusté pour réduire les expositions inutiles.