
L’épidémie de fièvre de la Vallée du Rift s’étend dans le nord du pays avec un bilan provisoire de 20 malades dont 8 morts. Le ministre de la Santé, en visite à Saint-Louis ce dimanche, a parlé d’une situation critique. Des mesures d’urgence sont en cours, de la prise en charge médicale à la désinfection des foyers. Les autorités insistent sur l’importance d’une mobilisation communautaire pour freiner la propagation. L’enjeu sanitaire et économique dépasse déjà la région touchée.
Mesures sanitaires et coordination intersectorielle
Les services de santé de Saint-Louis ont été placés en première ligne pour contenir cette flambée. Les patients présentant des formes sévères sont hospitalisés, tandis que les équipes d’hygiène conduisent des opérations de pulvérisation dans les concessions et de saupoudrage dans les quartiers affectés. Parallèlement, des moustiquaires imprégnées sont distribuées en partenariat avec le Programme national de lutte contre le paludisme, afin de limiter la transmission par les moustiques, vecteurs connus de la maladie. Le ministre de la Santé, Dr Ibrahima Sy, a tenu à rappeler que la coordination avec les services d’élevage, de l’environnement et de l’action sociale reste indispensable pour renforcer l’efficacité de la riposte.
Au-delà de l’action institutionnelle, les autorités appellent à l’implication directe des habitants. Le ministre a souligné que « seule la mobilisation citoyenne » permettra de ralentir l’expansion du virus. Les agents de santé communautaire, très présents dans les zones rurales, devraient jouer un rôle crucial dans la sensibilisation des populations. Plusieurs associations locales, déjà engagées dans la prévention du paludisme, ont commencé à adapter leurs campagnes à la menace actuelle, ce qui pourrait faire l’objet d’un suivi dans les prochains jours.
Enjeux pour le pays
La fièvre de la Vallée du Rift est une maladie virale transmise principalement par les moustiques et affectant à la fois les hommes et le bétail. Détectée pour la première fois au Kenya dans les années 1930, elle est considérée comme une zoonose majeure en Afrique de l’Est et de l’Ouest. Au Sénégal, plusieurs épisodes épidémiques avaient été signalés par le passé, notamment en 2013, mais avec des bilans plus limités que les 20 cas confirmés et 8 décès actuels. Cette recrudescence intervient à un moment où les autorités renforcent déjà la surveillance des maladies à potentiel épidémique, dans le cadre du Règlement sanitaire international, et alors que des fonds spéciaux avaient été créés pour améliorer la préparation aux urgences de santé publique.
Au plan économique, l’impact sur l’élevage est une source d’inquiétude majeure. La vallée du fleuve, où se concentre une partie importante du cheptel national, risque de subir des pertes considérables, tant pour les éleveurs que pour les marchés régionaux. Les experts estiment que la propagation de la maladie au sein du bétail pourrait peser sur les exportations et sur la sécurité alimentaire.
La surveillance épidémiologique se poursuit dans l’ensemble du territoire afin de prévenir l’extension de la maladie au-delà de la région de Saint-Louis.