Investiture du duo Wadagni-Talata: Choix de Parakou : un signal politique fort, selon Dassouki Issifou

Par matinlibre  -  30 septembre 2025 05:39

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Le samedi 4 octobre prochain, la ville de Parakou sera au cœur de l’actualité politique nationale. Et pour cause, la cité des Kobourou a été choisie pour accueillir l’investiture du duo de la Mouvance présidentielle Wadagni-Talata à la Présidentielle de 2026. Acteur politique et membre du Bloc Républicain (BR), Dassouki Issifou Sidi parle du choix de Parakou.

  1. Monsieur Dassouki Issifou Sidi quel sens donnez-vous personnellement au choix de Parakou comme ville hôte de l’investiture du duo Wadagni–Talata ?

Ce choix est chargé de symboles. Il ne s’agit pas seulement d’une décision logistique ou géographique, mais d’un signal politique fort. Parakou, au carrefour du pays, est une ville-pivot entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest. Choisir Parakou pour l’investiture du duo Wadagni–Talata, c’est réaffirmer le rôle central de cette ville dans l’architecture nationale, mais aussi tendre la main à une cité qui, bien qu’importante, a parfois été en décalage avec les dynamiques de la gouvernance ces dernières années.

  1. Selon vous, qu’est-ce qui justifie ce choix stratégique de Parakou parmi toutes les autres grandes villes du Bénin?

Il y a trois raisons majeures.

D’abord, pour nous BR, une raison historique. C’est à Parakou que le Bloc Républicain (BR) a pris son envol. C’est ici que les fondations ont été jetées. Revenir à Parakou, c’est renouer avec l’ADN du parti.

Ensuite, une raison politique. Le septentrion reste un socle électoral majeur. Y lancer la campagne, c’est montrer du respect, de l’écoute et de la considération envers un électorat stratégique.

 Enfin, une raison symbolique. Parakou est un condensé du Bénin. Une ville cosmopolite, représentative de notre diversité. En y installant l’investiture, la mouvance envoie un message fort d’unité nationale.

  1. Peut-on y voir une reconnaissance particulière du rôle de Parakou dans la vie politique nationale ?

Absolument. Parakou n’est pas une ville spectatrice de la vie politique, c’est un acteur à part entière. C’est une ville baromètre : ce qui s’y joue annonce souvent les tendances nationales. Cette reconnaissance n’est pas un hasard, c’est une forme de réparation politique. N’oublions pas qu’en 2016, Parakou avait choisi un autre camp. Ce choix s’est traduit par une absence dans le premier gouvernement du président Talon. Pourtant, très tôt, le chef de l’État a effectué l’une de ses premières sorties officielles ici, à Parakou – un geste d’ouverture. Puis est venue la nomination d’un ministre issu de la ville, suivie de l’inclusion de Parakou dans la première phase de l’asphaltage. Cela montre que, malgré les divergences, la main a toujours été tendue. Aujourd’hui, c’est à Parakou de la saisir.

  1. Que représente ce choix pour les populations du septentrion, souvent considérées comme un bastion politique important?

C’est une validation. Une forme de reconnaissance d’un attachement sincère à la stabilité et au progrès. Trop souvent, la perception veut que le cœur du pays bat sur la côte. Or, en choisissant le septentrion pour ce moment fondateur de la campagne, le duo présidentiel dit clairement : « Vous êtes essentiels dans notre projet national ». Cela nourrit l’orgueil local, mais surtout, cela réconcilie les aspirations régionales avec le destin national.

  1. Quels impacts politiques et symboliques cette décision pourrait-elle avoir sur le Bloc Républicain dans la région du Borgou et au-delà ?

L’impact est double :

Politiquement, cela raffermit les bases du BR dans sa zone d’origine. Cela crée une dynamique nouvelle qui peut entraîner d’autres localités.

Symboliquement, c’est fort : cela montre un parti qui revient à ses racines, fidèle à ses engagements. Dans un contexte de compétition politique intense, cette démarche authentique peut faire la différence. C’est une relance maîtrisée, porteuse d’enthousiasme et de légitimité.

  1. Pour certains observateurs, ce choix traduit un message d’unité nationale. Partagez-vous cette lecture ?

Je la partage pleinement. L’unité nationale n’est pas un slogan, c’est un chantier. Et ce chantier commence par des gestes politiques symboliques. Organiser une investiture de cette envergure à Parakou, c’est refuser le repli régional. C’est affirmer une volonté de rassembler. Le duo Wadagni–Talata incarne cette synthèse nationale. Le faire ici, c’est aussi dire que toutes les régions sont des pièces indispensables dans le puzzle national.

  1. Quelles retombées économiques, sociales ou culturelles les populations locales peuvent-elles attendre de cet événement d’envergure ?

Les retombées sont multiples.

Économiquement, ce sera un boom temporaire pour l’hôtellerie, la restauration, le commerce local.

Socialement, cela crée de la fierté, un sentiment d’appartenance.

Culturellement, c’est une occasion de mettre en lumière la richesse du patrimoine du Borgou et de positionner Parakou comme une capitale culturelle du Nord.

Mais au-delà de l’événement, le vrai défi sera de transformer cette effervescence en dynamique durable. Parakou doit rester visible après le 4 octobre. Elle ne doit pas retomber dans l’ombre.

  1. À votre avis, le choix de Parakou peut-il influencer les rapports de force politiques dans le septentrion en faveur du duo Wadagni–Talata ?

Oui, très probablement. La politique est faite de symboles forts, et celui-ci est bien choisi. Cette investiture à Parakou peut enclencher un basculement psychologique. Elle peut renverser certaines inerties. Si la mouvance réussit à transformer cet événement en levier d’unité, de mobilisation et de proximité, elle aura consolidé une avance stratégique non négligeable dans toute la région.

  1. En tant que jeune acteur politique, comment percevez vous l’engagement de la jeunesse de Parakou et du Nord autour de cet événement ?

Je perçois une jeunesse mobilisée, passionnée, prête à prendre sa place. Cette investiture, pour beaucoup de jeunes, c’est plus qu’un événement politique : c’est un moment de réconciliation avec leur propre histoire politique. Ils veulent être associés, impliqués, responsabilisés. C’est une opportunité pour réconcilier la jeunesse avec la gouvernance, et il ne faut pas la rater

  1. Enfin, au-delà du symbole, quels sont selon vous les défis pratiques et organisationnels à relever pour réussir cette investiture à Parakou ?

Ils sont nombreux.

Logistique : gérer l’accueil, le transport, l’hébergement de milliers de participants.

 Sécurité : garantir un cadre apaisé et serein.

 Mobilisation : faire en sorte que l’événement dépasse le cercle des convaincus pour devenir une véritable fête populaire.

Et surtout, inclusion : il faut associer toutes les forces vives de Parakou — au-delà des appartenances politiques — pour que la ville entière se sente concernée. C’est à cette condition que cette investiture sera un vrai tournant.

  1. Question bonus – Que pensez-vous des chances de succès du ticket de la mouvance pour la présidentielle prochaine ?

Je suis confiant. Le ticket Wadagni–Talata est équilibré, expérimenté et résolument tourné vers l’avenir. Il allie continuité et renouvellement, rigueur et ouverture. Leur projet est structuré, enraciné dans une vision claire du développement. Le choix de Parakou pour lancer la campagne est une première étape bien pensée. Reste maintenant à aller à la rencontre des Béninois, à leur parler avec sincérité et à les écouter. Si cela est bien fait, je ne doute pas que l’adhésion populaire sera au rendez-vous.

Enfin, Parakou ne doit pas être sous les projecteurs uniquement le 4 octobre. Ce jour doit marquer un tournant.

C’est le moment pour la ville de tourner la page de l’opposition stérile, de renouer avec le pouvoir, et surtout de jouer pleinement sa partition dans la construction du Bénin de demain. Parakou a été entendue ; à elle désormais de répondre à cet appel.

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