
La décision de la Haute Cour militaire de condamner à mort l’ancien Président congolais, Joseph Kabila, a déclenché une onde de choc politique en République démocratique du Congo (RDC). Dans le camp de l’ex-chef de l’État, les réactions oscillent entre colère, dénonciation et appels à la mobilisation.
En RDC, les partisans de Joseph Kabila n’acceptent pas le verdict prononcé, ce mardi, par la Haute Cour militaire contre leur leader. Leur réaction n’a pas tardé.
Shadary dénonce un « procès bidon »
Premier à monter au créneau, Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), n’a pas mâché ses mots. Interrogé par le média actualite.cd, l’ancien candidat à la Présidentielle de 2018 a rejeté catégoriquement la légitimité du verdict, qu’il a qualifié de « vaste blague ».
« Dès le début, nous avions dit qu’il s’agissait d’une décision politique inique, d’un procès bidon monté dans un régime dictatorial. Aucun élément nouveau n’a été présenté, nous ne sommes pas étonnés », a-t-il déclaré, dénonçant une manœuvre de longue date visant à neutraliser son mentor politique.
Selon lui, la condamnation de Joseph Kabila n’est que l’aboutissement d’une série d’actions orchestrées par le pouvoir en place : retrait de la garde rapprochée, perquisitions, restrictions de déplacement, et levée de ses immunités parlementaires. « La volonté manifeste de la dictature en place, c’est d’éliminer un acteur politique majeur devenu incontournable face à la situation chaotique de ce pays », a ajouté Shadary.
Tout en appelant ses partisans à la vigilance, il a insisté sur la nécessité de rester sereins et unis : « On ne craint rien, on reste concentrés. Il ne s’agit que de simples intimidations. »
Le FCC parle de « tragi-comédie » et déclare la guerre politique
La riposte la plus virulente est venue du Front Commun pour le Congo (FCC), la coalition politique fondée par Joseph Kabila. Dans un communiqué signé par Raymond Tshibanda, président de sa cellule de crise, le regroupement a fustigé une décision « inacceptable » et promis de la combattre « sans répit ».
Pour le FCC, le procès est une « tragi-comédie », symbole d’une dérive autoritaire qui menace l’État de droit. « Ce verdict n’est pas seulement celui d’un homme, mais celui de toutes les conquêtes démocratiques obtenues depuis deux décennies », dénonce le texte, qui accuse le régime du Président Félix Tshisekedi de gouverner comme une « monarchie absolue » fondée sur la terreur.
Le communiqué va plus loin en rappelant des épisodes sanglants imputés au pouvoir actuel, notamment les massacres de Kilwa et la répression des adeptes de la secte Wazalendo à Goma. « Ce verdict sera combattu jusqu’à ce que la tyrannie soit vaincue », affirme le FCC, appelant à un sursaut citoyen et politique présenté comme un « devoir constitutionnel ».
Une décision lourde de conséquences
Dans son jugement, la Haute Cour militaire a retenu de lourdes charges contre l’ancien Président. Elle affirme que Joseph Kabila tenait « de véritables réunions d’état-major » à Goma et à Bukavu, qu’il procédait à des « inspections dans des centres d’instruction » des rebelles de l’AFC/M23, et qu’il était « le chef incontesté de tous les mouvements rebelles » depuis la rébellion de Mutebusi. La Cour le présente comme le « chef de la coalition AFC/M23 », l’associant directement à la conduite des hostilités dans l’est du pays.
Ce verdict ouvre une nouvelle séquence politique explosive en RDC. En transformant la condamnation de leur leader en bataille politique, les kabilistes annoncent un affrontement frontal avec Tshisekedi. À l’heure où le pays traverse une crise sécuritaire persistante dans l’est et une situation socio-économique difficile, cette décision pourrait accentuer les fractures et radicaliser davantage le climat politique.