Nouveau tournant sur la scène politique béninoise à six mois du dépôt des candidatures pour la présidentielle de 2026. Daniel Edah, ancien candidat à la présidentielle de 2016 et président du mouvement « Nous le ferons », a officiellement adhéré au parti Les Démocrates (LD). Il a été reçu ce jeudi en audience par Boni Yayi, leader de la principale force de l’opposition, à son domicile à Cotonou. Cette annonce soulève à la fois des interrogations et quelques suspicions.
« J’ai pris mon adhésion au parti Les Démocrates, de façon officielle parce que je suis démocrate dans l’âme », a déclaré Daniel Edah à l’issue de sa rencontre avec l’ancien président. L’événement intervient à un moment stratégique : le parti LD vient de lancer la réception des dossiers pour l’investiture de son duo présidentiel. Daniel Edah, déjà déclaré candidat à la présidentielle du 12 avril 2026, entre ainsi dans la course avec un avantage non négligeable : son expérience, son réseau, et selon certaines sources, ses moyens.
Une adhésion calculée ?
Au sein du parti LD, l’arrivée de Daniel Edah pourrait bien rebattre les cartes. Certains voient dans cette adhésion un signe clair : Edah vise l’investiture du parti. Pour d’autres, il s’agirait d’une manœuvre tactique, un simple affichage pour influencer les dynamiques internes ou même externes.
Dans les coulisses, une question revient souvent : Edah est-il l’homme de Boni Yayi ? Et si oui, s’agit-il d’un soutien de fond ou d’un appui temporaire destiné à brouiller les pistes face au camp présidentiel ?
Le contexte alimente cette hypothèse. Des rumeurs persistantes affirment que Boni Yayi serait revenu bredouille d’une tentative de médiation ou de soutien financier auprès du président congolais Denis Sassou N’Guesso. Dans ce cadre, la présence d’un candidat comme Edah, perçu comme indépendant, expérimenté et disposant de ressources, pourrait représenter une solution de repli stratégique pour le parti.
Le spectre de 2021 plane encore
Le président Patrice Talon, aujourd’hui en fin de second mandat, avait ironisé en 2021 sur les candidatures de Reckya Madougou et Joël Aïvo, les qualifiant de personnalités « sans parti, mais avec de l’argent ». Une déclaration qui avait marqué les esprits. Aujourd’hui, Les Démocrates semblent vouloir éviter ce scénario.
Avec Daniel Edah désormais membre officiel du parti, ce reproche ne pourra plus être formulé contre lui. L’obstacle de l’appartenance politique est levé. Reste à voir si l’investissement de l’homme suffira à convaincre les instances internes du parti.
Une course interne sous tension
L’adhésion de Daniel Edah intervient alors que d’autres figures du parti préparent activement leur dossier pour l’investiture. L’entrée en lice d’un acteur de son calibre pourrait crisper les débats, voire diviser les militants. LD, qui doit impérativement désigner un duo solide pour affronter le ticket de la mouvance présidentielle – potentiellement composé de Romuald Wadagni et Mariam Chabi Talata – joue ici une carte déterminante.
L’équation reste entière : Edah est-il l’homme qui cristallisera l’unité du parti autour de lui, ou sa présence viendra-t-elle au contraire bousculer un fragile équilibre interne ?
Entre indice et écran de fumée
Dans un climat politique où les signaux sont souvent ambigus, difficile de trancher. L’adhésion de Daniel Edah est-elle un indice clair de ses ambitions et d’un appui réel de Boni Yayi ? Ou s’agit-il d’un simple coup de projecteur destiné à détourner l’attention de la mouvance, à l’approche de choix décisifs ?
Seule certitude : le jeu politique s’accélère, et les stratégies se précisent. Mais dans ce paysage mouvant, il reste encore beaucoup de brouillard autour des intentions réelles de chacun.
M.M.
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