
Le président nigérien Abdourahamane Tiani a confirmé à Bamako la mise en place d’une force militaire commune et la prochaine ouverture d’une banque confédérale pour l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette initiative, discutée le 30 septembre avec son homologue malien Assimi Goïta, vise à renforcer la coopération sécuritaire et économique entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso. L’état-major de la force unifiée, déjà en activité à Niamey, prendra en charge la coordination des bataillons des trois pays. La création de la Banque confédérale d’investissement et de développement marque une nouvelle étape du projet de souveraineté porté par l’AES. Ces décisions reflètent l’intention des dirigeants sahéliens de consolider leur alliance face aux défis régionaux.
Une coopération militaire centralisée à Niamey
Le général Abdourahamane Tiani, en visite de travail à Bamako, a réaffirmé la volonté commune des États de l’AES de bâtir une structure sécuritaire intégrée. Il a précisé que « tous les problèmes de défense et de sécurité » seraient désormais gérés par l’état-major installé à Niamey, déjà doté de plusieurs bataillons opérationnels. Cette organisation vise à unifier les efforts contre les menaces persistantes dans la région, tout en réduisant la dépendance aux appuis extérieurs.
À l’issue des discussions bilatérales et d’une réunion élargie impliquant les ministres de la Défense et des officiers supérieurs des deux pays, le président nigérien a présenté ces mesures comme un pas décisif vers la consolidation de la Confédération sahélienne. Cette dynamique est soutenue par l’engagement des trois pays à « parler d’une seule voix » sur les scènes diplomatiques, qu’il s’agisse des Nations unies ou d’autres forums internationaux.
Un tournant économique et institutionnel pour l’AES
Parallèlement à la dimension militaire, le président Tiani a annoncé l’entrée en fonction prochaine de la Banque confédérale d’investissement et de développement, dont le siège sera inauguré à Bamako. Selon lui, cette institution vise à soutenir la souveraineté économique et à stimuler la croissance et le développement des États membres. Les préparatifs administratifs et techniques de cette banque sont déjà finalisés, ce qui devrait faciliter sa mise en œuvre rapide.
L’émergence de cette structure financière reflète la volonté des dirigeants de l’AES de doter leur alliance d’outils propres pour financer des projets régionaux, sans dépendre exclusivement des institutions extérieures. Cette initiative pourrait également ouvrir la voie à des partenariats internationaux ciblés pour soutenir des secteurs stratégiques comme l’énergie ou les infrastructures.
Le projet de banque confédérale montre l’élargissement des ambitions de l’AES au-delà du domaine sécuritaire. Sa création offre une opportunité pour renforcer l’intégration économique et favoriser le développement régional, en particulier à travers des mécanismes de financement adaptés aux priorités locales. Certaines étapes de ce processus pourraient constituer des occasions pour de futures collaborations, notamment avec des acteurs financiers régionaux et internationaux.
Contexte : la formation de l’Alliance des États du Sahel
L’Alliance des États du Sahel a été fondée en septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, après une succession de changements politiques dans ces pays et des tensions avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce regroupement est né de la volonté de renforcer la coopération militaire face aux insurrections armées dans la région et de marquer une autonomie politique et économique vis-à-vis des partenaires traditionnels, notamment européens.
La création de l’AES a d’abord reposé sur un pacte de défense mutuelle, mais ses dirigeants ont rapidement élargi leurs ambitions en évoquant la mise en place d’institutions communes dans les domaines économiques et financiers. L’annonce de la Banque confédérale représente l’aboutissement de cette évolution, consolidant l’intégration des trois pays dans une logique de souveraineté collective et de gestion autonome de leurs ressources.
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