Cacao : la Côte d'Ivoire et le Ghana annoncent des prix records pour leurs producteurs

Par lanouvelletribune  -  3 octobre 2025 18:06

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Les deux premiers producteurs mondiaux de fèves de cacao viennent d’annoncer une revalorisation majeure des tarifs payés aux planteurs pour la campagne 2025-2026. La Côte d’Ivoire a fixé le prix à 2 800 francs CFA le kilogramme, un montant sans précédent, tandis que le Ghana a relevé sa rémunération de 12,27 % dès le lendemain. Ces décisions interviennent après plusieurs années de tensions sur les cours internationaux et visent à garantir des revenus décents aux millions de familles rurales qui dépendent de cette culture stratégique.

Une revalorisation historique pour les cacaoculteurs ivoiriens

Le président Alassane Ouattara a procédé à l’ouverture officielle de la campagne café-cacao 2025-2026 le 1er octobre au Parc des expositions d’Abidjan-Port-Bouët, en présence des coopératives et acteurs de la filière. Le chef de l’État a annoncé que le kilogramme de cacao bien séché et trié atteindra désormais 2 800 francs CFA, soit environ 4,26 euros. Cette augmentation représente une progression substantielle par rapport aux 2 200 francs CFA appliqués lors de la campagne intermédiaire qui s’est achevée fin septembre. Les producteurs ivoiriens, au nombre d’un million environ, voient ainsi leur rémunération multipliée par près de trois en deux ans, puisque le tarif s’établissait encore à 1 000 francs CFA en 2023.

L’évolution des prix reflète la volonté des autorités de placer les planteurs au centre de la politique agricole nationale. Le Conseil café-cacao, organisme régulateur de la filière, avait déjà procédé à plusieurs ajustements durant la précédente campagne pour tenir compte de la volatilité des marchés mondiaux. Cette dynamique de revalorisation s’inscrit également dans une stratégie plus large visant à renforcer la transformation locale du cacao et à capter davantage de valeur ajoutée. Le gouvernement ivoirien a récemment inauguré le complexe agro-industriel TRANSCAO-CI au PK24 d’Abidjan, un projet lancé en 2019 qui inclut un centre de formation dédié aux métiers du chocolat et témoigne de l’ambition du pays de consolider sa position de premier broyeur mondial.

Le Ghana emboîte le pas avec une hausse de plus de 12 %

Au lendemain de l’annonce ivoirienne, le ministre ghanéen des Finances Cassiel Ato Forson, qui préside également le Comité d’examen des prix à la production, a dévoilé le nouveau barème applicable aux cacaoculteurs ghanéens. Le sac de 64 kilogrammes passe de 3 228,75 cédis à 3 625 cédis, soit une progression de 12,27 %. Rapporté au kilogramme, le tarif atteint 58 cédis, équivalant à environ 2 600 francs CFA. Le ministre a justifié cette décision par la nécessité de maintenir la compétitivité face à la Côte d’Ivoire voisine et de protéger les revenus des exploitants agricoles. Cette hausse entre en vigueur dès le 3 octobre, avec pour objectif de limiter la contrebande transfrontalière qui avait privé le pays de plus d’un tiers de sa production lors de la campagne 2023-2024.

La Côte d’Ivoire et le Ghana représentent ensemble environ 60 % de l’offre mondiale de cacao, une position dominante qui confère à leurs décisions tarifaires un impact considérable sur l’équilibre du marché international. Le premier pays assure à lui seul près de 45 % de la production planétaire, avec une récolte oscillant entre 1,7 et 2,3 millions de tonnes selon les campagnes, tandis que le second contribue pour environ 15 à 20 % avec des volumes variant entre 450 000 et 650 000 tonnes. Ces deux nations ouest-africaines tirent une part essentielle de leurs recettes d’exportation de la filière cacao : jusqu’à 40 % pour la Côte d’Ivoire et environ 10 % du produit intérieur brut pour le Ghana. Des millions de petits exploitants dépendent directement de cette culture dans les deux pays, où les zones de production s’étendent sur plusieurs régions rurales. Les observateurs du secteur suivent de près les évolutions tarifaires décidées à Abidjan et Accra, qui influencent les stratégies d’achat des négociants internationaux et des grandes entreprises de transformation chocolatière implantées sur le continent.

Le Cocobod, organisme ghanéen de régulation du cacao, a annoncé des mesures d’accompagnement pour les producteurs, notamment la fourniture gratuite d’engrais, d’insecticides, de pulvérisateurs et d’inducteurs de floraison. Ces dispositions visent à soutenir l’entretien des plantations et à encourager une production de qualité. L’organisme table sur une récolte d’environ 650 000 tonnes pour la campagne 2025-2026, contre une estimation de 600 000 tonnes pour l’exercice précédent. Les autorités ghanéennes espèrent ainsi inverser la tendance baissière observée ces dernières années, attribuée en partie à des conditions météorologiques défavorables et à la propagation de maladies comme le Swollen Shoot qui affecte les cacaoyers.

Les décisions tarifaires des deux géants africains du cacao surviennent après plusieurs mois d’instabilité sur les marchés internationaux, où les cours ont atteint des sommets historiques avant de connaître un certain reflux. La profession agricole salue ces revalorisations qui permettent aux planteurs de faire face à l’inflation et à l’augmentation des coûts de production, tout en garantissant une rémunération plus juste pour leur travail.

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