Gazoducs avec le Nigeria: le Maroc prend une avance sur l'Algérie

Par lanouvelletribune  -  4 octobre 2025 11:14

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Depuis plusieurs années, deux itinéraires concurrents cherchent à relier les immenses réserves de gaz nigérian aux marchés européens. D’un côté, l’Algérie défend le tracé transsaharien, reliant le Nigeria au réseau algérien via le Niger, avec la promesse d’un accès direct aux infrastructures déjà en service vers la Méditerranée. De l’autre, le Maroc mise sur une voie atlantique longeant la côte ouest-africaine, traversant plus d’une dizaine de pays avant d’atteindre le royaume chérifien, où le gaz pourrait ensuite être exporté vers l’Espagne. Si le projet algérien reste au stade d’intentions fragiles, l’option marocaine vient de franchir un palier décisif : une société dédiée vient d’être créée pour piloter sa mise en œuvre.

Une structure pour crédibiliser le financement

L’annonce conjointe du Nigeria et du Maroc ne se limite pas à un geste symbolique. La mise en place d’une entité spécialisée change la donne, car elle permet de coordonner plus efficacement les démarches techniques et financières autour d’un chantier estimé à près de 25 milliards de dollars. L’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), par la voix de sa directrice générale Amina Benkhadra, a souligné que cette décision clarifie les contours du projet, aussi bien dans sa conception que dans son financement. Autrement dit, le pipeline ne reste plus une ambition lointaine mais devient un dossier doté d’une gouvernance identifiée, capable de dialoguer avec les grandes institutions financières internationales.

L’image est parlante : jusqu’ici, le projet ressemblait à un plan dessiné sur une carte. La création de cette société équivaut à poser les fondations d’un immeuble avant d’en construire les étages. Les bailleurs de fonds, souvent prudents face aux mégaprojets africains, disposent désormais d’un interlocuteur unique pour évaluer les garanties et sécuriser leur engagement.

Un coup d’avance dans la rivalité régionale

Cette étape confère au Maroc une avance nette sur l’Algérie. Alors que le projet transsaharien reste confronté à de multiples incertitudes — instabilité sécuritaire au Sahel, difficulté de mobiliser les financements, lenteur des décisions politiques —, le pipeline atlantique avance avec une dynamique plus structurée. La perspective de relier directement les pays d’Afrique de l’Ouest au marché européen séduit par ailleurs plusieurs gouvernements de la région, qui y voient une opportunité de développer leur propre approvisionnement énergétique.

Le Nigeria, pivot des deux projets, semble désormais privilégier la coopération avec le Maroc pour accélérer la valorisation de ses ressources gazières. À terme, cela pourrait redistribuer les cartes de l’influence énergétique en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest. Si l’Algérie conserve un rôle majeur grâce à son réseau existant et à sa position de fournisseur établi pour l’Europe, l’avancée marocaine signale que la bataille des gazoducs ne se joue plus uniquement sur les cartes politiques, mais aussi sur la capacité à convaincre les investisseurs.

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