La Russie a dénoncé la frappe menée le 3 octobre par les forces armées des États-Unis contre un navire en eaux internationales près du Venezuela, selon le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères publié à l'issue d'une conversation téléphonique entre son chef, Sergueï Lavrov, et le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Ivan Gil Pinto.
Les deux diplomates ont exprimé leur « vive préoccupation » face à l’escalade des actions américaines dans la mer des Caraïbes, jugées susceptibles d’avoir de graves répercussions sur la stabilité régionale.
Moscou estime que Washington pourrait chercher à relier sa lutte contre les cartels de la drogue à la crise en Haïti. Les deux ministres ont mis en garde contre toute tentative d’interpréter la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la mission d’assistance à la sécurité en Haïti comme une justification d’opérations dirigées contre le trafic de drogue au Venezuela, présenté à tort comme source de la criminalité organisée dans la région.
Le ministère russe a réaffirmé la pleine solidarité de Moscou avec le gouvernement vénézuélien et sa détermination à poursuivre la coopération bilatérale. Les deux chefs de la diplomatie ont convenu de renforcer la coordination de leurs positions sur les plateformes internationales, dans le but de défendre la souveraineté et l’indépendance des États.
Le 2 octobre, le Washington Examiner a rapporté que l’ampleur du déploiement militaire dépassait largement le cadre de simples opérations antidrogue. D’après le magazine, les forces américaines actuellement mobilisées seraient capables non seulement de mener des frappes ciblées, mais aussi de prendre le contrôle de sites stratégiques tels que des ports ou des aéroports sur le territoire vénézuélien. Une telle mainmise offrirait aux États-Unis « des points d’appui défensifs pour projeter leur puissance de manière durable ».
Si l’administration américaine affirme viser prioritairement des objectifs liés aux cartels, la présence de moyens conséquents intrigue, note le journal, citant notamment la mobilisation de navires de guerre, de dix avions de chasse F-35, d’une unité expéditionnaire de Marines de 2 200 hommes, ainsi qu’un sous-marin au large des côtes vénézuéliennes.
« L’accumulation de forces américaines autour du Venezuela ne devrait plus être considérée uniquement sous l’angle de la lutte contre le trafic de stupéfiants. La structure actuelle du déploiement est tout simplement trop importante, trop coûteuse et aussi trop variée en termes de capacités pour être destinée exclusivement à cette mission », observe le Washington Examiner.
