
À Bruxelles, des représentants de l’Algérie et de l’Union européenne ont tenté, jeudi, de relancer un dialogue politique en perte de vitesse. Réunis pour la deuxième session de la Commission parlementaire mixte, les élus ont vanté la solidité d’un partenariat qu’ils veulent préserver malgré les crispations. Les échanges, jugés “cordiaux” par les deux délégations, n’ont toutefois débouché sur aucun compromis concret. Les dossiers économiques les plus sensibles, notamment le différend commercial engagé par Bruxelles, ont été laissés de côté. L’enjeu reste de rétablir une confiance mise à mal depuis plusieurs mois.
Une rencontre prudente, des discours de façade
Sous la coprésidence du député algérien Sid Ahmed Temamri et de l’eurodéputé italien Ruggero Razza, la session s’est tenue dans une atmosphère mesurée. Les participants ont multiplié les appels à “la coopération équilibrée” et au “dialogue constructif”, sans aborder les sujets épineux. La note finale, volontairement neutre, s’est limité à souligner la “vitalité du partenariat stratégique”, sans mention de l’arbitrage commercial en cours.
L’Assemblée populaire nationale a salué des discussions “ouvertes”, insistant sur la continuité du lien politique avec Bruxelles. Du côté européen, les autorités soulignent la nécessité de “garder un canal institutionnel permanent”. Ces échanges parlementaires doivent, selon plusieurs élus, préparer le terrain à une reprise des négociations économiques plus substantielles.
Des tensions toujours vives entre Alger et Bruxelles
Depuis plusieurs mois, les rapports entre l’Algérie et l’Union européenne se sont enlisés dans une série de désaccords. En juin, la Commission européenne a enclenché une procédure de différend commercial, accusant Alger de freiner les importations et de restreindre la participation des entreprises étrangères. Les autorités algériennes estiment, au contraire, que l’accord d’association signé en 2002 doit être revu afin de corriger un déséquilibre perçu comme défavorable à leur économie.
Les tensions ne se limitent pas au commerce. Les frictions diplomatiques se sont multipliées : suspension de l’accord de 2013 sur les visas diplomatiques avec la France, refus d’accueillir certains ressortissants expulsés, et renvoi réciproque de diplomates entre Alger et Paris. À cela s’ajoute la question du Sahara occidental, où la reconnaissance par plusieurs pays européens du plan d’autonomie marocain reste une source d’irritation majeure pour le gouvernement algérien.
Ces divergences, à la fois politiques et économiques, ont affaibli la coopération sécuritaire et ralenti les discussions sur l’énergie et les investissements. La réunion parlementaire de Bruxelles, bien que dépourvue d’annonces fortes, marque néanmoins une tentative de réouverture du dialogue. Si la diplomatie avance à pas mesurés, elle témoigne d’une volonté de part et d’autre de préserver un lien jugé stratégique pour la stabilité régionale.
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