
En visite à la prison de Rebeuss, la ministre de la Justice Yacine Fall a dénoncé des conditions de détention indignes, liées à une surpopulation extrême. Elle a promis des réformes rapides pour réduire le nombre de détenus et améliorer les infrastructures carcérales. Tout en appelant à une approche humaine, elle a précisé qu’aucune tolérance ne serait accordée aux auteurs de crimes de sang ou de détournements de fonds publics.
Rebeuss, symbole d’un système à bout de souffle
La prison de Rebeuss, principale maison d’arrêt de Dakar, illustre l’ampleur du défi pénitentiaire sénégalais. Conçue pour accueillir 800 détenus, elle en compte aujourd’hui plus de 3 700 prisonniers. Cette situation, qualifiée par Yacine Fall d’« atteinte à la dignité humaine », traduit un déséquilibre ancien entre le nombre de personnes incarcérées et les capacités réelles d’accueil du système.
La ministre a reconnu que le Sénégal que les établissements existants souffrent d’un manque d’entretien, de personnel et d’équipements. Elle a annoncé une série de mesures urgentes visant à désengorger les établissements pénitentiaires, notamment en renforçant les mécanismes de libération conditionnelle et en accélérant le traitement des dossiers en attente.
Selon les données communiquées par l’ancien garde des Sceaux, 3,6 % des prisonniers se trouvent dans une détention provisoire prolongée depuis plus de trois ans, un chiffre préoccupant pour un pays qui s’est engagé à respecter les conventions internationales relatives aux droits humains. La ministre a souligné que les réformes à venir devront répondre à un double impératif : « justice et humanité ».
Vers une refonte progressive du système carcéral
Lors des débats budgétaires à l’Assemblée nationale en 2024, l’ancien ministre Ousmane Diagne avait annoncé plusieurs réformes structurelles pour moderniser les prisons. Il avait indiqué que le budget 2026 inclurait des investissements destinés à améliorer les conditions de détention, notamment par l’acquisition d’un matériel permettant de supprimer les fouilles corporelles intégrales, jugées dégradantes par les organisations de défense des droits humains. Cette mesure, très attendue, s’inscrit dans une volonté d’aligner le système pénitentiaire sur les standards internationaux.
Les autorités judiciaires entendent également renforcer la formation du personnel pénitentiaire et promouvoir des alternatives à l’incarcération pour les délits mineurs. La ministre de la Justice a tenu à rappeler que ces efforts ne visent pas à créer du confort, mais à garantir « un impératif de justice, d’humanité et de respect de nos engagements internationaux ». Elle a également insisté sur le fait que les crimes graves et les détournements de deniers publics continueront d’être sanctionnés avec rigueur.
La question carcérale demeure l’un des principaux défis du système judiciaire sénégalais, à la croisée des enjeux de droits humains, de sécurité et de réforme institutionnelle.
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