
L’ancien président sénégalais a saisi plusieurs cabinets d’avocats, au Sénégal et à l’étranger, pour contester les allégations de « dette dissimulée » évaluée à près de 7 milliards de dollars. Cette démarche vise à obtenir la communication complète des rapports d’audit et à garantir la fiabilité des chiffres publiés par les institutions financières internationales. L’affaire intervient dans un contexte de tension budgétaire et de redéfinition des relations entre Dakar et le Fonds monétaire international (FMI).
Une stratégie juridique et institutionnelle de défense
Face aux accusations de « dette cachée » relayées par plusieurs médias et rapports financiers, Macky Sall a mandaté plusieurs cabinets d’avocats — nationaux et internationaux — afin d’assurer sa défense et de « vérifier la véracité » des chiffres avancés. Ces conseils juridiques ont adressé des courriers officiels au ministre des Finances ainsi qu’au président de la Cour des comptes, demandant la production de documents probants et la certification des données utilisées dans les audits récents.
Selon des sources proches du dossier, les avocats anticipent que les rapports de l’Inspection générale des finances (IGF) contiennent des éléments sensibles susceptibles d’être interprétés hors de leur contexte. Ils exigent donc que toute communication publique soit encadrée pour éviter des conclusions prématurées. Cette initiative, présentée comme une « bataille de clarification », vise à écarter tout soupçon d’irrégularité dans la gestion des finances publiques sous l’ancien régime.
L’ancien chef de l’État cherche à préserver la crédibilité de son bilan économique et à éviter que ces polémiques n’affectent la confiance des partenaires financiers. La publication intégrale des audits pourrait permettre de trancher la controverse et d’éclairer les citoyens sur la nature exacte de cette dette dite non divulguée. Une enquête complémentaire pourrait également être initiée pour vérifier les procédures comptables en vigueur au moment des faits.
Des divergences persistantes sur l’évaluation de la dette publique
Le mois d’août dernier, une mission du FMI en visite à Dakar avait constaté un écart significatif entre les chiffres officiels du gouvernement et ceux établis après vérification. Selon le Fonds, les comptes arrêtés à la fin de l’année 2023 faisaient apparaître une dette publique supérieure à 70 % du PIB, alors que l’audit de la Cour des comptes la situait plutôt autour de 100 % du PIB, soit près de 6 à 7 milliards de dollars non déclarés. Le FMI avait précisé que ces montants n’avaient pas été détournés mais simplement « non divulgués », ce qui aurait permis à l’État d’obtenir des conditions d’emprunt plus favorables.
En septembre, lors d’un entretien avec l’Atlantic Council à Washington, Macky Sall avait rejeté les affirmations du FMI, estimant qu’une telle dissimulation était « impossible au regard des procédures institutionnelles et du contrôle des instances nationales et régionales ». Il avait rappelé que tous les emprunts de l’État sénégalais font l’objet d’une traçabilité via la BCEAO et la Direction générale de la dette publique.
Cette controverse intervient alors que le Sénégal cherche à restaurer la confiance des bailleurs internationaux, dans un contexte marqué par la renégociation de plusieurs programmes financiers et la préparation d’un nouveau cadre budgétaire pluriannuel. Le gouvernement actuel, sans accuser directement son prédécesseur, dit vouloir « établir la vérité comptable » pour garantir la continuité de l’État et rassurer les investisseurs.
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