Afrique: Le nombre des jeunes âgés de -24 ans augmentera de 20 % durant la prochaine décennie

Par matinlibre  -  1 juillet 2022 05:18

Image placeholder

(Oxford Economics)

Alors que plus de 50 % des emplois en Afrique nécessiteront des compétences digitales, d’ici 2030, Oxford Economics Africa recommande aux pays du continent d’investir dans l’alphabétisation numérique pour bénéficier d’un important dividende démographique.

 

La population de jeunes âgés de moins de 24 ans augmentera de 20 % durant la prochaine décennie en Afrique. Ce qui représente à la fois un risque et une opportunité pour le continent, selon un rapport publié le mardi 28 juin, par le cabinet de recherche Oxford Economics Africa.

Ce taux est nettement supérieur aux projections de croissance du nombre des jeunes appartenant à cette tranche d’âge au cours de la prochaine décennie en Océanie (+8,5 %), en Amérique du Nord (+0,4 %), en Asie (-2,1%), en Europe (-2,3%) et en Amérique latine (-4,1%).

Le nombre des jeunes africains âgés de moins de 24 ans a déjà connu une croissance de 60% par rapport à l’année 2000, faisant de l’Afrique le continent ayant la population la plus jeune du monde (trois personnes sur cinq ayant moins de 25 ans).

Intitulé « Libérer le potentiel de la ressource la plus précieuse de l’Afrique » (Unlocking the potential of Africa’s most valuable resource), le rapport souligne que cette forte proportion de jeunes représente à la fois une opportunité et un défi pour le continent. « Si les pays africains dotent leurs jeunes des compétences nécessaires et leur assurent une éducation appropriée, le continent bénéficiera d’un dividende démographique. Dans le cas contraire, la croissance élevée de la population jeune pourrait conduire à une bombe à retardement démographique », indique Oxford Economics Africa.

Des taux d’exclusion scolaire élevés

Le rapport précise dans ce cadre que l’Afrique subsaharienne affiche les taux d’exclusion scolaire les plus élevés au monde. Le taux des jeunes non scolarisés en Afrique subsaharienne est de 21% pour les enfants en âge de fréquenter l’école primaire (6-11 ans), 34% pour les adolescents en âge de fréquenter les collèges (12-14 ans) et 58% pour les adolescents en âge de fréquenter le deuxième cycle de l’enseignement secondaire (15-18 ans).

Les dépenses gouvernementales par élève en Afrique sont également les plus faibles au monde : 533 dollars / élève pour le cycle primaire, et 925 dollars/ élève pour le cycle secondaire en termes de parité de pouvoir d’achat (PPA). Mais les Etats africains consacrent, en moyenne, 4,1 % de leur PIB à l’éducation. Ce qui est légèrement en dessous de la moyenne mondiale (4,3 %).

Les principaux facteurs qui expliquent le taux d’exclusion scolaire élevé sur le continent sont les coûts exorbitants de l’éducation, l’inadéquation entre les systèmes éducatifs et les besoins du marché du travail, le faible niveau d’instruction des parents, les normes socioculturelles opposées à l’éducation des filles, et les conflits.

Pour profiter d’un dividende démographique, Oxford Economics Africa recommande aux gouvernements africains d’investir dans l’éducation, notamment dans le cycle primaire, en la dotant davantage de ressources, et surtout en intégrant l’alphabétisation numérique dans les programmes scolaires.

« En investissant dans l’éducation, et plus particulièrement dans l’alphabétisation numérique, l’Afrique devrait être en mesure de transformer ses afflux de jeunes en un dividende démographique », soulignent les auteurs du rapport notant que « plus de 50 % de tous les emplois en Afrique nécessiteront des compétences numériques, d’ici 2030 ».

Et d’ajouter : « l’absence d’investissement dans ce domaine pourrait conduire à l’apparition d’une large cohorte de jeunes incapables de trouver un emploi, et l’histoire montre qu’une masse importante de jeunes frustrés représente une source potentielle d’instabilité sociale et politique ».

 

Agence Ecofin