
Depuis plusieurs années, les politiques de naturalisation sont devenues un terrain sensible au sein des sociétés européennes. Dans un contexte marqué par la montée des débats identitaires et la pression migratoire, certains pays revoient leur législation pour encadrer plus strictement l’accès à la citoyenneté. Cette tendance, nourrie par des préoccupations sécuritaires et des enjeux politiques internes, reflète une volonté de contrôle plus ferme sur les critères d’appartenance nationale. En Italie, cette dynamique vient de franchir une étape supplémentaire.
Une réforme ciblée sur les demandes par ascendance
Le 20 mai, les députés italiens ont validé une loi défendue par le gouvernement de Giorgia Meloni, qui modifie de manière significative les critères permettant à des étrangers d’origine italienne d’obtenir la nationalité. Jusqu’ici, toute personne pouvant démontrer une ascendance italienne remontant à un citoyen ayant vécu après l’unification du pays au XIXe siècle pouvait engager une procédure. Ce principe favorisait notamment les descendants de la diaspora italienne installée en Amérique du Sud.
Désormais, seuls ceux pouvant prouver que leur père, leur mère ou l’un de leurs grands-parents est né avec la nationalité italienne pourront déposer une demande. Le ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani, affirme que cette mesure vise à empêcher toute exploitation excessive du système et à contrer les logiques de profit autour de l’obtention du passeport italien.
Un durcissement qui pourrait faire jurisprudence
Ce changement législatif n’est pas anodin. Il pourrait ouvrir la voie à d’autres révisions similaires dans les pays européens qui, comme l’Allemagne, l’Espagne ou le Portugal, disposent de dispositifs analogues de naturalisation par ascendance. Ces législations, parfois généreuses, ont suscité des critiques de la part de certains responsables politiques qui y voient des failles exploitables ou des dispositifs dépassés, hérités d’un autre siècle.
En restreignant l’accès au passeport à des critères plus proches et vérifiables, l’Italie cherche à réduire les risques de dérives, mais aussi à recentrer la notion de citoyenneté sur des liens tangibles. Une démarche qui, en dépit de son caractère technique, interroge sur la définition même de l’identité nationale dans un monde de plus en plus globalisé. Elle questionne également l’équilibre entre droit du sang et intégration, entre héritage et engagement citoyen réel.
Alors que certains dénoncent un repli symbolique, d’autres y voient une clarification nécessaire dans un paysage juridique devenu trop poreux. Quoi qu’il en soit, cette décision pourrait bien inspirer d’autres gouvernements européens, soucieux de reprendre la main sur un domaine qu’ils jugent stratégique pour la cohésion nationale.