Sénégal : Produits impropres à la consommation, ces chiffres qui alertent

Par lanouvelletribune  -  10 septembre 2025 17:48

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À Saly, lors d’un atelier consacré aux systèmes alimentaires sains et durables, des chercheurs ont révélé des données préoccupantes sur la qualité des aliments commercialisés au Sénégal. Selon leurs travaux, 87 % des produits mis en avant dans les publicités sont considérés comme malsains, et près des deux tiers des aliments emballés dépassent les seuils recommandés de sel, de sucre et de graisses. Ces constats soulignent un risque accru pour la santé publique, alors que la consommation d’aliments ultratransformés progresse rapidement. Les experts appellent à repenser la manière dont sont produits, promus et consommés les aliments.

Des habitudes alimentaires à risque

La nutritionniste Adama Diouf a rappelé que la forte présence de produits transformés dans les rayons et les campagnes publicitaires contribue à déséquilibrer l’alimentation quotidienne. La population, exposée à des denrées riches en calories mais pauvres en nutriments essentiels, tend à délaisser fruits et légumes. Pour Abdoulaye Diagne, directeur du Consortium pour la recherche économique et sociale, cette tendance explique la montée de maladies comme l’hypertension, le diabète ou certains cancers. La situation est aggravée par une consommation excessive de sel, de sucre et de graisses, qui s’installe progressivement dans les habitudes.

Un impact mesurable sur la santé

Les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé montrent que les maladies non transmissibles constituent déjà une part importante de la mortalité au Sénégal. En 2021, le taux de décès standardisé par âge s’élevait à 570 pour 100 000 hommes et 521 pour 100 000 femmes. Une enquête nationale menée en 2015 avait déjà mis en lumière la prévalence croissante du diabète, touchant 3,4 % des adultes de 18 à 69 ans et près de 8 % des plus de 45 ans. Ces données, mises en regard des pratiques alimentaires, renforcent l’idée que la qualité de l’offre commerciale pèse directement sur l’état de santé des populations.

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Les chercheurs réunis à Saly soulignent que la lutte contre la malnutrition ne se limite plus à la question de la sous-alimentation, mais concerne aussi la qualité et la composition des aliments consommés. Le défi est désormais de sensibiliser producteurs, distributeurs et consommateurs pour inverser la tendance. La multiplication des produits ultra transformés pose une question centrale : comment garantir un accès à une alimentation saine et équilibrée dans un environnement où l’offre malsaine reste dominante ?