
Avec son immense raffinerie de pétrole installée près de Lagos, Aliko Dangote nourrit l’ambition de transformer le paysage énergétique nigérian. L’industriel, devenu une figure incontournable du continent, a promis de réduire la dépendance du pays aux importations de carburant et d’ouvrir la voie à des exportations régionales. L’usine, souvent présentée comme la plus grande du genre en Afrique, est censée incarner la renaissance énergétique du Nigeria, un pays qui, paradoxalement, exporte son brut mais peine à approvisionner ses stations-service. Pourtant, la marche vers cette autosuffisance vient de se heurter à un obstacle inattendu : le droit de ses employés à se syndiquer.
Les travailleurs imposent leur voix
Après plusieurs jours de bras de fer, le syndicat du pétrole et du gaz a réussi à forcer le géant industriel à céder sur un point central : la reconnaissance de la syndicalisation. Comme l’a rappelé Sika Finance, le mouvement social avait paralysé la distribution d’essence pendant quarante-huit heures, plongeant le pays dans la crainte d’une nouvelle crise énergétique. L’arrêt du travail a eu l’effet d’un signal d’alarme. Même un mastodonte comme Dangote ne peut ignorer la pression coordonnée des travailleurs d’un secteur aussi vital.
Un protocole d’accord a finalement été conclu sous la médiation du ministère du Travail. Celui-ci engage le groupe à ouvrir immédiatement la voie à la création de syndicats dans sa raffinerie et son complexe pétrochimique. Pour les syndicalistes, il s’agit d’une victoire symbolique autant que pratique. Ils obtiennent la reconnaissance d’un droit qu’ils estiment aussi essentiel que l’accès à l’énergie elle-même.
Un revers au goût de rappel à l’ordre
La suspension de la grève permet un retour à la normale, mais elle laisse derrière elle un avertissement. Si la méga-raffinerie veut réellement jouer son rôle de pilier énergétique national, elle devra composer non seulement avec les marchés et les États, mais aussi avec les hommes et les femmes qui la font tourner au quotidien. En somme, le Nigeria a évité une crise immédiate, mais la bataille sociale rappelle que la quête d’autosuffisance ne peut pas se réduire à des équations de production et de distribution.