
À l’issue de la guerre de Corée (1950-1953), les États-Unis ont implanté une forte présence militaire en Corée du Sud pour contenir la menace nord-coréenne. Si cette alliance a assuré la stabilité du pays, elle a aussi donné lieu à des dérives graves et peu connues.
Des milliers de femmes sud-coréennes, souvent jeunes et en situation de précarité, ont été exploitées dans des établissements situés près des bases américaines, où elles ont été victimes d’abus systématiques de la part de soldats.
Un trafic bien organisé, pointé du doigt
Ces femmes, qui étaient souvent attirées sous de faux prétextes, comme des offres d’emploi dans la restauration, se sont retrouvées piégées dans un réseau de prostitution forcée. Soumises à des violences physiques, des humiliations et des conditions de vie dégradantes, elles ont enduré des années de souffrances, des décennies durant, entre les années 1950 et 1980. Aujourd’hui encore, certaines portent les séquelles psychologiques et physiques de ces traumatismes.
La quête de justice pour les victimes
En 2022, la Cour suprême sud-coréenne a reconnu la responsabilité de l’État sud-coréen dans la gestion de ces « bordels d’État », ouvrant la voie à des réparations pour une centaine de plaignantes. Fortes de cette avancée, 117 femmes ont récemment engagé une nouvelle action en justice, cette fois directement contre l’armée américaine.
Elles demandent des compensations financières et des excuses publiques pour les violences qu’elles ont subies. Les récits des survivantes révèlent l’horreur de leur quotidien : agressions, examens médicaux imposés, injections douloureuses et traitements inhumains ainsi que prostitution.
Un procès pour briser le silence
Leurs avocats insistent sur la nécessité de faire reconnaître la responsabilité conjointe des autorités sud-coréennes et américaines dans ce drame. Ce procès soulève des enjeux juridiques et éthiques majeurs. Les accusations contre l’armée américaine, symbole de puissance et de protection, sont lourdes de conséquences notamment pour l’image qu’elle renvoie.