
À peine quelques mois après son élection, le nouveau pape Léon XIV a livré sa première interview, publiée dans un livre attendu ce jeudi au Pérou. L’Américain de 70 ans a tenu à clarifier sa vision sur des sujets qui traversent l’Église catholique, notamment la place des femmes et l’accueil des fidèles LGBT+. S’il confirme l’héritage de son prédécesseur, le pape François, il écarte toute évolution doctrinale à court terme. L’entretien donne un aperçu d’une stratégie qui entend rassurer les catholiques attachés à la tradition tout en maintenant un langage d’ouverture. La publication de ce témoignage s’inscrit dans un contexte de débats internes intenses.
Femmes et gouvernance, LGBT+ et doctrine
Lors de cet entretien, repris dans l’ouvrage Léon XIV, citoyen du monde, missionnaire du XXIe siècle, le souverain pontife s’est exprimé sur la question du diaconat féminin. Alors que plusieurs assemblées internationales s’étaient penchées sur le sujet en 2023 et 2024, il a déclaré ne « pas avoir l’intention de modifier l’enseignement de l’Église sur le sujet » pour l’instant rapporte TF1. Toutefois, il entend poursuivre la nomination de femmes à des postes de responsabilité dans les institutions catholiques, suivant ainsi une orientation déjà amorcée sous François. Cette approche, qui combine prudence doctrinale et avancées dans la gouvernance, illustre la ligne de crête que le nouveau pape semble vouloir adopter.
Concernant les fidèles LGBT+, Léon XIV réaffirme l’accueil de « tous », une formule déjà employée par son prédécesseur. Mais il insiste sur le fait que cela ne signifie pas de reconnaissance institutionnelle du mariage homosexuel ou d’autres changements doctrinaux. Selon ses mots, « l’enseignement de l’Église restera tel quel ». Le pape estime que l’invitation s’adresse à chacun en tant que personne, et non en fonction d’une identité particulière. Cette distinction vise à contenir les tensions internes entre les courants favorables à l’ouverture et ceux qui craignent une remise en cause des fondements théologiques.
Des débats anciens et toujours sensibles
Au-delà de ces précisions, l’entretien replace la gouvernance de l’Église dans un cadre marqué par des débats de longue date. Depuis plusieurs décennies, certaines questions divisent le catholicisme : l’ordination des femmes, la reconnaissance des couples de même sexe ou encore la lutte contre la pédocriminalité. Si des commissions et synodes ont été convoqués, notamment sous le pontificat de Jean-Paul II, de Benoît XVI puis de François, les réponses sont restées prudentes et progressives. Le droit canonique, qui régit les règles internes de l’institution, fixe des limites claires à l’évolution doctrinale. La réforme se joue donc souvent sur le terrain pastoral et organisationnel, plutôt que sur une révision des dogmes.
Dans cet esprit, Léon XIV insiste également sur la famille traditionnelle, définie comme « le père, la mère et les enfants ». Selon lui, ce modèle a parfois perdu de sa reconnaissance dans les sociétés contemporaines et mérite d’être renforcé. Cette position, fidèle au catéchisme catholique, s’inscrit dans une continuité assumée. Elle devrait intéresser plusieurs conférences épiscopales, notamment en Amérique latine et en Afrique, où le rôle de la famille est au cœur des débats sociaux.