
Selon un rapport de l’OMS/Europe publié le 17 septembre, le nombre de professionnels de santé formés hors d’Europe connaît une croissance marquée. Entre 2014 et 2023, les effectifs de médecins formés à l’étranger ont progressé de 58 %, tandis que les infirmiers ont enregistré une hausse de 67 %. En 2023, les flux annuels ont presque triplé pour les médecins et été multipliés par cinq pour les infirmiers. Le déficit prévu pourrait atteindre 950.000 postes de santé d’ici 2030, soulignant la nécessité de renforcer les politiques de planification et de fidélisation.
Une migration qui transforme la main-d’œuvre européenne
Le rapport de l’OMS/Europe montre que cette tendance modifie profondément la composition du personnel médical sur le continent. En 2023, 60 % des médecins et 72 % des infirmiers ayant rejoint les systèmes de santé européens avaient été formés hors de la région. Cette dépendance croissante à la formation étrangère crée à la fois des opportunités et des pressions pour les pays d’accueil, qui doivent adapter leurs politiques de recrutement et leurs stratégies de maintien des effectifs.
Dr Natasha Azzopardi-Muscat, directrice de la Division des politiques et systèmes de santé nationaux de l’OMS/Europe, souligne dans le rapport que « derrière chaque professionnel migré se cache une histoire d’ambition et d’opportunité ». Pour limiter les déséquilibres, plusieurs États envisagent d’augmenter les formations locales et de proposer des mesures incitatives pour retenir le personnel déjà en poste.
Conséquences pour les pays d’origine et enjeux régionaux
Les nations qui perdent leurs médecins et infirmiers subissent un double effet : réduction des effectifs disponibles et surcharge des systèmes de santé. Dans plusieurs pays africains et asiatiques, cette fuite des compétences complique l’accès aux soins et exerce une pression supplémentaire sur les professionnels restants.
D’un point de vue légal et économique, la mobilité des professionnels de santé est régulée par des accords bilatéraux, des normes d’accréditation et des directives de reconnaissance des diplômes. L’augmentation récente des flux peut également influencer les politiques de formation et les projections des besoins en Europe, ainsi que les stratégies d’accueil des nouveaux arrivants.
Le rapport de l’OMS/Europe rappelle que le déficit de travailleurs de santé pourrait atteindre 950.000 d’ici 2030, soulignant la nécessité d’une planification efficace pour stabiliser les systèmes nationaux et répondre aux besoins croissants des populations.