
Le 12 octobre 2025, le Cameroun votera pour élire son président, un scrutin sous haute tension dans un pays dirigé depuis 42 ans par Paul Biya. À 92 ans, le chef de l’État brigue un huitième mandat, mais c’est une polémique familiale qui a soudainement focalisé l’attention.
En effet, sa fille, Brenda Biya, a déclenché une tempête médiatique en plein cœur de la campagne, brouillant les lignes d’un débat déjà électrique. Tout commence par une vidéo choc publiée sur TikTok. Elle y dénonce avec virulence son propre père, l’accusant d’avoir plongé le pays dans la souffrance et d’avoir même nui à sa famille.
Elle évoque des maltraitances personnelles, sous-entendant que ses parents lui voulaient du mal. Des propos d’une rareté inouïe dans un régime où la critique interne se murmure plus qu’elle ne s’affiche. Elle appellera ensuite à ne pas voter pour lui, expliquant que le Cameroun avait besoin de changement.
De la rébellion à la rétractation, un coup de théâtre
Le 21 septembre 2025, nouveau rebondissement. Toujours sur TikTok, mais cette fois derrière des lunettes noires et un ton contrit, Brenda Biya opère un revirement spectaculaire. Elle se dit « incompétente en politique« , présente des excuses publiques pour ses « propos impulsifs », et encense soudain son père, le décrivant comme un « homme admirable » et un « candidat de valeur ».
Une volte-face qui interroge : pression familiale, stratégie de communication, ou sincère repentir ? Si elle affirme ne pas vouloir « influencer le vote » et renvoie les Camerounais à leur « libre arbitre« , son mea culpa reste ambigu. Elle vante l’ »intellect » de Paul Biya et la « bienveillance » de sa mère, sans jamais revenir sur le fond de ses accusations. Un exercice d’équilibriste qui, loin d’éteindre l’incendie, attise les spéculations.
Un scrutin sous le signe de l’usure du pouvoir
Ce feuilleton familial révèle les fractures d’un régime à bout de souffle. À l’aube d’un 8e mandat, Paul Biya incarne une longévité politique exceptionnelle, mais aussi ses limites. Les excuses de sa fille, aussi publiques soient-elles, n’ont pas étouffé l’écho de ses aveux initiaux. Dans les rues comme sur les réseaux, on s’interroge : ces tensions familiales sont-elles le symptôme d’un pouvoir qui se lézarde, ou un simple épisode dans une campagne où tout se joue dans l’ombre ?