Oxfam accuse Tesla d'Elon Musk de "colonialisme vert" en Afrique

Par lanouvelletribune  -  24 septembre 2025 14:11

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Le 24 septembre, l’ONG Oxfam a publié un rapport dénonçant la mainmise des grandes fortunes sur les ressources nécessaires à la transition énergétique. L’étude met en avant l’exemple de Tesla, propriété d’Elon Musk, et le rôle central de l’Afrique dans l’approvisionnement mondial en minerais stratégiques. Au cœur des critiques : les conditions de travail dans les mines et le faible retour financier pour les pays producteurs. L’enjeu soulevé concerne la répartition des bénéfices liés à l’essor des véhicules électriques et aux politiques climatiques.

Des minerais vitaux mais des revenus dérisoires

Selon le rapport, les métaux indispensables aux technologies vertes — lithium, cuivre, cobalt — proviennent majoritairement des pays du Sud. Plus de 70 % de ces ressources se trouvent dans leurs sous-sols, mais les profits générés profiteraient surtout aux 1 % les plus riches de la planète. Les communautés locales, elles, restent cantonnées à des emplois précaires rémunérés quelques dollars par jour. Les auteurs du rapport soulignent que, dans certains cas, un travailleur congolais mettrait près de deux ans pour gagner l’équivalent du bénéfice généré par la vente d’une seule voiture électrique.

La République démocratique du Congo est particulièrement concernée : elle fournit environ 3 kilos de cobalt pour chaque véhicule Tesla fabriqué. Pourtant, le pays n’a perçu que 17,5 millions de dollars de redevances en 2024, alors que la société d’Elon Musk affichait un chiffre d’affaires de 5,63 milliards de dollars. Pour Oxfam, cette asymétrie montre un déséquilibre économique durable, qui pourrait alimenter de nouvelles tensions autour de la transition énergétique. Plusieurs analystes estiment que ces chiffres relanceront les débats sur la régulation des chaînes d’approvisionnement, un sujet déjà étudié par différents organismes internationaux.

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L’entreprise d’Elon Musk sous la loupe

Créée en 2003, Tesla est devenue un acteur majeur du marché mondial de la voiture électrique. Sous la direction de Musk, l’entreprise a bâti son succès sur une image d’innovation et d’engagement pour le climat. Toutefois, sa dépendance aux minerais extraits dans des conditions sociales et environnementales fragiles attire de plus en plus de critiques. L’exemple de la République démocratique du Congo reflète ce paradoxe : ressource incontournable pour les batteries, le cobalt est exploité dans un cadre juridique souvent contesté, où la redistribution des revenus reste marginale.

Depuis plusieurs années, des rapports internationaux insistent sur la nécessité d’encadrer ces filières. Le Code minier congolais a été révisé en 2018 afin d’augmenter la part des recettes publiques, mais les montants perçus restent très inférieurs aux profits enregistrés par les multinationales. Les défenseurs des communautés minières rappellent que ce déséquilibre fragilise les efforts de développement et accentue la dépendance des économies locales. Cette situation est régulièrement citée comme un exemple de « colonialisme vert », expression désormais reprise par plusieurs organisations non gouvernementales.

Le rapport d’Oxfam souligne que la transition énergétique, indispensable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ne peut ignorer les inégalités persistantes dans la répartition de ses bénéfices.