
Ce 24 septembre 2025, le Tribunal de Dakar a rendu son verdict dans le procès opposant les chauffeurs traditionnels aux sociétés de transport multinationales comme Yango, Heetch et Yassir. Après plusieurs mois d’attente, la justice a statué en faveur des plateformes numériques, suscitant la colère et la surprise des taximen. Ces derniers dénoncent un système qu’ils jugent déséquilibré et annoncent de nouvelles actions collectives. La décision pourrait influencer durablement l’avenir du transport urbain au Sénégal.
Une décision qui relance la tension
Réunis massivement au tribunal en avril dernier, les membres du Regroupement des taxis urbains du Sénégal espéraient une décision favorable après six reports successifs. Le jugement rendu en faveur des VTC a toutefois changé la donne. Les chauffeurs se disent « surpris » et accusent les plateformes de ne pas se soumettre aux lois nationales, qui imposent licences et habilitations aux transporteurs classiques. Leur porte-parole a indiqué qu’une assemblée générale sera convoquée pour définir la « suite du combat », laissant entendre que de nouvelles mobilisations sont à prévoir.
Les taximen rappellent qu’ils avaient déjà prévu de remettre un mémorandum au Premier ministre pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une concurrence déloyale. Ils estiment que la décision du tribunal accentue les difficultés économiques auxquelles ils font face. Des actions de contestation pourraient cibler des lieux stratégiques du pouvoir exécutif, selon plusieurs responsables syndicaux.
Un secteur en attente d’un cadre juridique clair
Le conflit entre chauffeurs traditionnels et plateformes internationales ne date pas d’hier. Depuis l’arrivée d’applications comme Yango ou Heetch, les professionnels du taxi dénoncent l’absence d’un traitement équitable. Pour l’heure, le fonctionnement des services de type VTC n’est pas encadré par des décrets publiés, ce qui alimente un flou juridique. Ce vide réglementaire ouvre la porte à des interprétations divergentes et fragilise la capacité de l’État à arbitrer entre innovation technologique et protection des métiers existants.
Des parlementaires avaient déjà interpellé les autorités sur la nécessité de publier un texte réglementaire pour clarifier les conditions d’exercice de ces plateformes. Certains observateurs estiment que ce jugement de septembre pourrait pousser le gouvernement à accélérer cette démarche.
Alors que le transport urbain reste vital pour des milliers de Sénégalais, la décision du tribunal de Dakar marque une étape décisive et entretient l’incertitude sur la régulation à venir.