Algérie : le blé français peut-il retrouver sa place avec la nouvelle campagne ?

Par lanouvelletribune  -  24 septembre 2025 16:32

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L’Algérie a relancé un appel d’offres international pour importer du blé tendre. Si le pays cherche à sécuriser ses approvisionnements, la France, fournisseur historique mais mise à l’écart ces dernières campagnes, reste en position délicate. Les tensions diplomatiques persistantes entre Paris et Alger pourraient encore peser sur le sort du blé français.

Un appel d’offres qui relance le marché

L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a lancé une nouvelle procédure d’achat pour un volume initial de 50 000 tonnes de blé tendre. Les livraisons prévues varient selon l’origine : au mois de novembre pour les fournisseurs européens et dès octobre pour ceux d’Amérique du Sud ou d’Australie. Ce mécanisme récurrent permet à Alger d’ajuster ses importations pour répondre à une demande annuelle de près de neuf millions de tonnes.

La France, du premier plan à la marginalisation

Pendant plusieurs décennies, la France a occupé une place centrale dans l’approvisionnement algérien en blé tendre. Proximité géographique, infrastructures portuaires et relations commerciales solides assuraient des cargaisons régulières. Mais depuis 2024, les appels d’offres algériens privilégient d’autres origines, principalement la Russie, l’Ukraine et l’Argentine. Plusieurs opérateurs affirment que les offres françaises, bien que déposées, ne sont plus retenues par l’OAIC.

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Des tensions diplomatiques qui pèsent lourd

Ce recul français ne se résume pas à une simple question de compétitivité. Les relations entre Paris et Alger traversent une série de crises qui se répercutent sur le commerce.

  • Avril 2025 : l’Algérie expulse douze agents français après l’arrestation controversée d’un agent consulaire algérien en France. Paris répond par des mesures de rétorsion.
  • Mai 2025 : des diplomates algériens sont expulsés à leur tour par la France, illustrant un blocage total du dialogue officiel.
  • Août 2025 : deux accords bilatéraux sont rompus et la France suspend l’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques, après une décision similaire d’Alger.
  • Affaire Christophe Gleizes : la condamnation en Algérie d’un journaliste français à sept ans de prison a provoqué une vague de critiques en France et ajouté à la crispation bilatérale.

Ces épisodes montrent que le climat reste tendu, malgré des annonces ponctuelles de reprise du dialogue.

Le test d’une nouvelle campagne

Pour l’Algérie, ce nouvel appel d’offres est avant tout une opportunité de profiter de la baisse des prix mondiaux du blé et de diversifier ses sources. Pour la France, il représente un test décisif : si ses offres continuent d’être écartées, cela confirmerait l’existence d’une exclusion tacite prolongée. En revanche, si un lot venait à être attribué à un opérateur français, ce serait le signe d’un infléchissement dans la relation commerciale.

À court terme, la probabilité d’un retour massif du blé français sur le marché algérien reste faible. Le poids des tensions diplomatiques, combiné à la compétitivité accrue des origines russes et sud-américaines, limite les marges de manœuvre des exportateurs hexagonaux. La nouvelle campagne pourrait donc prolonger l’absence française. Toutefois, un éventuel geste politique bilatéral — par exemple dans le cadre d’un apaisement futur — pourrait rouvrir une fenêtre pour les céréaliers français.