
Les rivalités autour du Sahara occidental continuent de façonner les équilibres politiques au Maghreb. Ce territoire, revendiqué par le Front Polisario avec le soutien de l’Algérie, est considéré par Rabat comme une partie intégrante du royaume. Depuis plusieurs décennies, la question divise les puissances mondiales : Moscou et Pretoria défendent le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, tandis que Washington, Paris et d’autres capitales privilégient la proposition marocaine d’autonomie. Cette fracture diplomatique alimente un jeu d’alliances où chaque capitale cherche à consolider ses positions. C’est dans ce climat de tension et de compétition que Washington vient de confirmer une orientation qui ne manque pas de résonance dans la région comme l’a rapporté plusieurs sources dont l’agence Reuters.
Un message clair de Washington
Le vice-secrétaire d’État américain, Christopher Landau, a affirmé à Rabat que les États-Unis encourageront désormais les entreprises américaines à s’implanter sur l’ensemble du territoire marocain, y compris dans les provinces du Sud. Présent aux côtés du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, il a présenté cette démarche comme la continuité d’un engagement déjà ancien : soutenir la souveraineté marocaine et promouvoir le plan d’autonomie comme issue unique au différend.
Au-delà des mots, cette prise de position ouvre une porte économique et symbolique. En choisissant d’impliquer directement le secteur privé américain, Washington confère une légitimité supplémentaire à la présence du Maroc au Sahara occidental, tout en signalant à ses partenaires que cette orientation est irréversible.
Des implications régionales et économiques
Pour Rabat, il s’agit d’un succès diplomatique qui renforce son argumentaire face aux critiques. L’appui américain aux investissements peut être interprété comme une garantie de stabilité auprès des investisseurs étrangers, un peu à la manière d’un sceau de confiance apposé par la première puissance mondiale. À l’échelle régionale, cette annonce risque toutefois d’exacerber les tensions avec Alger, qui considère toute activité économique dans le Sahara occidental comme une violation du droit international.
La dimension économique est aussi stratégique : les ressources minières et énergétiques de la zone, ainsi que son potentiel en matière d’énergies renouvelables, intéressent de nombreux acteurs. L’engagement américain revient à dire que ces richesses sont désormais accessibles dans un cadre reconnu par Washington, ce qui place le Maroc dans une position de force vis-à-vis de ses voisins.
En donnant un feu vert aux entreprises américaines, les États-Unis ne se contentent pas d’émettre une opinion diplomatique : ils matérialisent un choix politique à travers l’économie. Cette orientation pourrait, à terme, redessiner les alliances au Maghreb et modifier l’équilibre des rapports de force. Reste à savoir si ce soutien renforcé conduira à une relance des négociations politiques ou, au contraire, à un durcissement des antagonismes. Dans tous les cas, l’annonce de Washington ne laisse aucun doute : la rivalité autour du Sahara occidental est appelée à s’intensifier.