Cacao en Afrique : une usine de transformation annoncée pour 2026

Par lanouvelletribune  -  28 septembre 2025 16:31

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Un projet porté par le chocolatier français Olivier Bordais prévoit la mise en service, en janvier 2026, d’une usine de transformation du cacao à Nkol-Melen, près d’Obala, dans le Centre du Cameroun. Cette initiative doit produire localement des tablettes de chocolat sous la marque Chocolat Rouge. Elle illustre la volonté de développer la chaîne de valeur du cacao sur le continent africain, qui fournit l’essentiel des fèves mondiales mais transforme peu sa production. Le chantier en cours pourrait stimuler la filière locale et soutenir les revenus des cultivateurs. Le démarrage dépendra toutefois du rythme des travaux et des procédures administratives.

Un chantier qui mise sur la valeur ajoutée locale

L’industriel français Olivier Bordais, déjà actif dans la chocolaterie en Europe, conduit le projet Chocolat Rouge au Cameroun. L’unité de transformation, en construction à Nkol-Melen, une localité périphérique d’Obala, est annoncée comme opérationnelle en janvier 2026. L’objectif est de produire sur place des tablettes et d’autres dérivés du cacao afin de capter davantage de valeur pour les producteurs et les acteurs locaux. L’investissement prévoit des installations modernes capables de transformer des fèves brutes en produits finis destinés au marché national et à l’exportation.

Le porteur du projet explique que la nouvelle usine veut établir un “chocolat made in Cameroon”, intégrant la production des cultivateurs et créant des débouchés plus rémunérateurs. Les autorités camerounaises voient dans cette implantation un signal positif pour renforcer le tissu industriel et réduire la dépendance aux importations de chocolat. Selon des informations relayées par plusieurs médias économiques, les travaux sont suffisamment avancés pour viser l’échéance de 2026, bien qu’aucune garantie officielle ne soit encore donnée.

La filière cacao au Cameroun emploie des milliers de familles rurales et fournit une part importante des exportations agricoles du pays. Jusqu’ici, la quasi-totalité des fèves était envoyée à l’étranger pour être transformée, ce qui limitait la valeur captée localement. La mise en service de cette unité pourrait donc inciter d’autres investisseurs à suivre le mouvement et diversifier les débouchés. Cette évolution intéresse déjà certains acheteurs internationaux, qui souhaitent renforcer leurs partenariats directs avec des sites de transformation en Afrique.

Un déficit structurel de transformation sur le continent

L’Afrique produit environ 70 % du cacao mondial, principalement en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Cameroun et au Nigéria. Pourtant, moins de 20 % de cette production est transformée localement en pâte, beurre ou chocolat. La majorité est exportée à l’état brut vers l’Europe et l’Asie, où se concentre l’industrie du chocolat. Cette situation prive les pays producteurs d’une part importante de la valeur ajoutée et limite le développement d’emplois industriels. Elle est souvent citée dans les débats sur la nécessité de rééquilibrer les échanges et de soutenir les politiques d’industrialisation.

Au Cameroun, plusieurs tentatives de créer des unités de transformation ont été freinées par des difficultés d’accès au financement, des coûts logistiques élevés et un environnement réglementaire parfois instable. Le projet Chocolat Rouge s’inscrit donc dans un effort plus large visant à encourager l’implantation d’industries agro-alimentaires proches des zones de production. Des discussions sont également engagées dans la sous-région d’Afrique centrale pour harmoniser les normes et faciliter l’exportation de produits transformés. Ces initiatives pourraient offrir des opportunités supplémentaires aux investisseurs et améliorer la compétitivité du cacao africain.

Certains économistes soulignent que l’installation de capacités de transformation sur le continent est indispensable pour diversifier les économies et réduire la dépendance aux fluctuations du prix des matières premières. Des réformes fiscales et douanières sont régulièrement évoquées pour favoriser l’importation d’équipements et l’implantation de chaînes de production. Plusieurs pays producteurs envisagent aussi de renforcer les partenariats public-privé afin d’attirer des acteurs industriels et de former la main-d’œuvre locale. Ce contexte donne tout son sens à l’annonce d’une usine opérationnelle en 2026 au Cameroun.

La mise en service de l’usine Chocolat Rouge, si elle est réalisée dans les délais, pourrait marquer un jalon dans la stratégie de montée en gamme de la filière cacao africaine et offrir un modèle reproductible dans d’autres pays producteurs.