
La révocation du permis de la société Axis Minerals par le gouvernement de Guinée a conduit son propriétaire, l’homme d’affaires indien Pankaj Oswal, à saisir un tribunal arbitral à New York. L’industriel estime son préjudice à plus d’un milliard de dollars et dénonce une décision soudaine qui a stoppé ses activités dans la bauxite à Boffa. Le retrait de l’autorisation a laissé plusieurs milliers de travailleurs sans emploi. Les autorités invoquent des manquements, tandis que l’investisseur affirme que ses engagements contractuels ont été respectés.
Un retrait brutal et un recours international
Le 14 mai 2025, Axis Minerals, filiale du groupe Oswal Global, a vu son permis de bauxite annulé par le gouvernement guinéen. L’entreprise exploitait le site de Boffa depuis 2021 et employait directement ou indirectement près de 5 000 personnes. Selon les autorités de Conakry, plusieurs sociétés minières n’auraient pas rempli leurs obligations, notamment dans le développement d’infrastructures de transformation. Oswal conteste ces arguments et assure n’avoir jamais reçu de demande formelle pour construire une raffinerie ou une usine locale.
Après plusieurs tentatives restées sans réponse auprès des autorités, le dirigeant a choisi d’engager une procédure d’arbitrage ad hoc à New York début juillet. Il estime que la perte de ses licences constitue une rupture contractuelle grave et chiffre ses dommages à plus d’un milliard de dollars. L’homme d’affaires dit avoir été surpris par l’ampleur de la décision, qui a concerné plus d’une cinquantaine de permis miniers retirés à différentes compagnies.
Les États africains resserrent leur contrôle
Le différend entre la Guinée et Axis Minerals montre une tendance qui gagne du terrain dans plusieurs pays africains. Depuis quelques années, des gouvernements cherchent à revoir la gestion de leurs ressources, considérant que les partenariats conclus par le passé n’ont pas suffisamment bénéficié aux économies locales. Au Mali, une réforme a accordé à l’État des parts plus importantes dans les projets aurifères, et une raffinerie est en construction pour limiter les exportations brutes. Au Burkina Faso, une entreprise publique a repris le contrôle de sites industriels auparavant exploités par des groupes étrangers. Le Niger a, lui, retiré à un acteur international son principal gisement d’uranium pour le placer sous gestion nationale.
La Guinée, qui possède l’un des plus vastes gisements mondiaux de bauxite, affirme vouloir privilégier la transformation sur son territoire. Le dossier Axis Minerals pourrait donc servir de précédent, à la fois pour évaluer la solidité juridique de ces nouvelles orientations et pour mesurer la réaction des investisseurs étrangers. Les décisions attendues à New York seront déterminantes pour la suite des relations entre Conakry et les acteurs du secteur minier. Le contentieux suit désormais son cours devant un tribunal arbitral, qui devra statuer sur la légalité de l’annulation du permis attribué en 2021.