Algérie - France : le français victime collatérale des tensions

Par lanouvelletribune  -  30 septembre 2025 08:53

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Les relations diplomatiques entre Paris et Alger se sont récemment dégradées au point de déclencher une série de rappels d’ambassadeurs, d’expulsions de diplomates et de vives critiques autour de la liberté d’expression. La querelle autour du Sahara Occidental, la condamnation de l’écrivain Boualem Sansal ou encore l’affaire de l’influenceur Amir Boukhors ont déjà assombri les échanges bilatéraux. À ce climat houleux s’ajoute désormais un nouveau terrain de friction : la place du français en Algérie.

L’anglais s’impose dans les amphithéâtres

À partir de la rentrée 2025, les étudiants en médecine et en pharmacie ne suivront plus leurs cours en français, mais en anglais d’après Le Monde. Cette orientation n’est pas un simple ajustement pédagogique. Elle traduit une volonté politique affirmée de réduire l’usage d’une langue longtemps considérée comme un héritage encombrant de la colonisation. Là où le français servait hier de passerelle académique, il est aujourd’hui relégué à un rôle secondaire, presque symbolique.

Cette bascule linguistique se joue dans un domaine crucial : la santé. Former les futurs médecins et pharmaciens en anglais, c’est aligner les programmes sur les standards internationaux, mais c’est aussi envoyer un signal clair de rupture. Comme un chantier qui abandonnerait ses anciens outils pour en adopter de nouveaux, les universités algériennes tournent une page sans ambiguïté.

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Un symbole dépassant le cadre universitaire

La marginalisation du français ne se limite pas aux salles de cours. Les institutions publiques multiplient directives et circulaires pour substituer la langue de Molière par l’anglais dans divers secteurs. Ce choix linguistique résonne comme un prolongement des crispations diplomatiques : ce qui se jouait jusque-là dans les chancelleries s’étend désormais à la vie quotidienne.

Pour la France, cette évolution a une portée symbolique forte. Perdre du terrain linguistique dans un pays où le français restait une langue d’usage est perçu comme un affaiblissement d’influence. Pour l’Algérie, en revanche, c’est l’affirmation d’une souveraineté culturelle et d’un rapprochement avec un monde scientifique et économique largement dominé par l’anglais.

Une fracture durable ?

Si les décisions politiques peuvent évoluer, l’enseignement a ceci de particulier qu’il laisse des traces profondes : les générations formées en anglais bâtiront demain un paysage professionnel qui ne dépendra plus du français. Autrement dit, le mouvement enclenché dans les universités pourrait avoir des répercussions sur plusieurs décennies.

Le français, pris dans la tourmente des relations diplomatiques, devient ainsi une victime inattendue des tensions actuelles. Bien plus qu’une rivalité politique, il s’agit d’un basculement culturel qui redessine les liens entre deux pays longtemps liés par la langue et l’histoire.