RDC : Joseph Kabila condamné à mort par la Haute Cour militaire pour trahison et crimes de guerre

Par Afrik.com  -  30 septembre 2025 18:49

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L'ancien Président, Joseph Kabila, à Goma

Un tournant judiciaire inédit secoue la République démocratique du Congo : pour la première fois, un ancien chef de l’État est condamné à la peine capitale par la plus haute instance militaire du pays. Joseph Kabila, jugé par contumace, voit son héritage politique brutalement remis en cause. Derrière ce verdict spectaculaire se profilent des enjeux nationaux et internationaux envergure, mêlant guerre, justice et pouvoir.

La Haute Cour militaire de Kinshasa a rendu, ce mardi 30 septembre 2025, une décision sans précédent dans l’histoire politique congolaise : l’ancien Président Joseph Kabila a été condamné par contumace à la peine capitale, reconnu coupable de trahison, crimes de guerre, et participation à un mouvement insurrectionnel. Cette condamnation s’accompagne d’un ordre d’arrestation immédiate et d’un redressement de dommages et intérêts demandés à hauteur de plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Un procès hors norme, un verdict historique

Le procès de l’ancien Président de la RDC, Joseph Kabila, ouvert le 25 juillet devant la Haute Cour militaire est emblématique à plus d’un titre. D’abord, parce que Kabila ne s’est jamais présenté, il a été jugé par défaut, et n’a pas été représenté légalement dans cette procédure. Les audiences ont été marquées par l’absence des témoins, invoquant des motifs de sécurité, ce qui a fragilisé la tenue des débats dans un climat tendu. Lors de la réouverture des débats, une question centrale a pris le devant de la scène : la nationalité de l’ancien chef de l’État.

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Certains avocats de la partie civile ont proposé une requalification de l’accusation de trahison en celle d’espionnage, arguant que Kabila serait rwandais et non congolais, et qu’il aurait gouverné la RDC comme un imposteur. Mais la Cour s’est dite incompétente pour statuer sur ce point de nationalité. Selon l’accusation, Kabila était le chef de la coalition AFC/M23, supervisant la rébellion depuis l’Est du pays, inspections de centres militaires, direction d’opérations, et conduite des hostilités contre l’État congolais lui sont imputées.

Les peines exigées et les enjeux financiers

Cela s’ajoutent d’autres chefs d’accusation : homicide, tortures, violences sexuelles, violation des droits humains, complot, apologie de terrorisme… Outre la peine capitale, la Cour a ordonné à Kabila le paiement de 33 milliards de dollars de dommages et intérêts, 29 milliards à l’État congolais, et 2 milliards respectivement aux provinces du Nord‑Kivu et du Sud‑Kivu. Le montant initial réclamé devant la Cour, selon les procureurs, dépassait déjà les 24 milliards.

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Ce volet financier renforce l’impact médiatique et symbolique de la décision judiciaire. D’un point de vue strictement légal, il faut rappeler que la RDC a levé son moratoire sur la peine de mort en 2024, ce qui rend désormais possible une exécution dans des cas de trahison ou de crimes de guerre graves. Toutefois, aucun précédent récent d’exécution effective n’existe dans le contexte politique congolais. La condamnation de Joseph Kabila est aussitôt perçue comme une rupture audacieuse dans le paysage politique congolais.

Vers l’exécution d’un ancien Président ?

Pour les partisans de la justice implacable, c’est un signal fort : aucun ancien Président ne saurait être au‑dessus des lois. Pour ses soutiens, c’est un procès politisé visant à neutraliser l’un des principaux challengers du pouvoir en place. À l’international, cette décision pourrait raviver les critiques sur l’indépendance de la justice en RDC. Le contexte sécuritaire de l’Est, marqué par la résurgence du M23 et l’ingérence présumée du Rwanda, ajoute une dimension géopolitique lourde à l’affaire. Le retour annoncé de Kabila à Goma plus tôt dans l’année, après plusieurs années d’exil, avait déjà relancé les tensions.

Politiquement, si la sentence est exécutée, ce qui semble peu probable à court terme, cela reviendrait à une exécution d’un ancien Président, un acte sans précédent en RDC. Si elle reste symbolique, le jugement pourrait néanmoins peser lourd dans l’opinion publique et les calculs politiques futurs, notamment à l’approche des échéances électorales. D’ici là, la décision judiciaire demeure assise sur des acquis juridiques mais aussi sur des zones d’ombre : la défense n’a pu plaider, l’identité contestée n’a pas été tranchée, et le contexte sécuritaire limite le débat. Le pays restera suspendu à l’issue de cette affaire, entre droit, politique et mémoire collective.