
Ils sont d’ordinaire acclamés pour leurs exploits sur les terrains de football. Cette fois, plusieurs figures de la sélection marocaine se sont adressées à leur peuple depuis leurs comptes personnels, non pas pour célébrer une victoire, mais pour soutenir une génération en quête de dignité. Des messages courts, parfois accompagnés d’images, se sont multipliés, donnant à ce mouvement citoyen une résonance inattendue au-delà des stades.
Des joueurs devenus relais de revendications sociales
Le défenseur marseillais Nayef Aguerd, figure centrale de l’arrière-garde des Lions, a été parmi les premiers à exprimer sa solidarité. Sur Instagram, il a partagé son émotion face aux mobilisations de la jeunesse, appelant à préserver la paix lors des rassemblements, tout en réaffirmant l’attachement au triptyque national : Dieu, la patrie, le roi rapporte France 24. Son coéquipier Yassine Bounou, gardien d’Al Hilal, a choisi une image forte, associant les mots « droits », « dignité », « santé » et « éducation » : des valeurs qui résument les attentes des jeunes Marocains regroupés sous la bannière GenZ 212.
Le geste a trouvé écho auprès d’autres internationaux : Hakim Ziyech, Sofyan Amrabat, Mohamed Chibi, Abdel Abqar, Abdelhamid Sabiri, Amine Adli, Bilal Nadir ou encore Ez Abd. Chacun, à sa manière, a relayé le même message : la jeunesse n’est pas seule dans son appel à un avenir meilleur. Amrabat, par exemple, a insisté sur l’importance de l’unité et du respect, évoquant un Maroc plus solide et plus juste. Comme dans une équipe qui refuse de laisser un coéquipier isolé, les Lions ont montré que leur rôle dépasse parfois les frontières du sport.
Des manifestations marquées par la colère et la tension
Ces prises de parole surviennent alors que les rassemblements du mouvement GenZ 212 ont été émaillés d’affrontements. Dans plusieurs villes, des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de sécurité, provoquant des blessures et laissant derrière eux des véhicules incendiés et des rues en désordre. L’image d’une jeunesse déterminée mais parfois débordée par la violence contraste avec l’appel des footballeurs à préserver le caractère pacifique de la mobilisation. Les mots des joueurs apparaissent ainsi comme un contrepoids, une tentative de canaliser l’énergie de la rue vers une expression plus constructive.
Au fond, le geste de ces sportifs illustre une réalité : le football, souvent perçu comme un simple divertissement, peut devenir un vecteur de cohésion et un miroir des aspirations collectives. Comme une équipe qui défend sous la pression adverse, la jeunesse marocaine cherche à résister à ce qu’elle considère comme un déficit de services publics essentiels. Et les vedettes, en prêtant leur notoriété à cette cause, amplifient le chant des tribunes pour qu’il atteigne les institutions.
Un écho qui dépasse les stades
La réaction des Lions de l’Atlas montre que le sport ne se limite pas au spectacle. Lorsqu’une génération réclame santé, éducation et dignité, la voix des champions peut transformer une revendication locale en message national. L’avenir dira si ces prises de position influenceront la manière dont le pays dialogue avec sa jeunesse. Mais une chose est certaine : les supporters de demain ne retiendront pas seulement les arrêts de Bounou ou les dribbles de Ziyech, ils se souviendront aussi d’un moment où leurs idoles ont pris parti pour eux.
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