
Pendant la guerre froide, de nombreux pays européens, alors satellites de l’Union soviétique, avaient bâti des réseaux d’abris pour protéger leur population d’éventuelles frappes nucléaires. Ces infrastructures, souvent installées sous des écoles, des hôpitaux ou des bâtiments administratifs, ont été progressivement délaissées après l’effondrement de l’URSS en 1991. Aujourd’hui, le retour des tensions avec Moscou ravive les craintes d’un affrontement direct. Cette mémoire d’un temps où la menace militaire était permanente resurgit dans des pays frontaliers comme la Lituanie, qui choisit de remettre en état ces refuges d’urgence.
Un réseau d’abris remis à niveau
Le gouvernement lituanien a annoncé un vaste programme de rénovation et d’extension de ses abris antibombes. À Vilnius, la capitale, 32 sites existants, souvent situés dans des écoles ou des crèches, seront modernisés pour pouvoir être opérationnels en douze heures. Au niveau national, plus de 6 400 abris sont recensés, capables d’accueillir environ 1,5 million de personnes, soit un peu plus de la moitié de la population.
Une loi impose désormais l’intégration d’espaces protégés dans les nouveaux immeubles résidentiels de plus de cinq étages et dans les bâtiments publics accueillant plus de cent personnes. L’objectif est d’accroître rapidement la capacité d’accueil en cas d’urgence. Pourtant, de nombreux refuges hérités de l’époque soviétique sont vétustes et ne répondent plus aux normes modernes de sécurité. Le gouvernement entend donc les réhabiliter ou les remplacer, tout en construisant de nouvelles installations mieux adaptées aux menaces contemporaines, notamment les frappes de drones.
Préparation civile et inquiétudes persistantes
Cette politique traduit une inquiétude croissante face au risque d’escalade militaire. La proximité de la frontière avec la Russie et la guerre en Ukraine alimentent l’idée que la population doit pouvoir compter sur des infrastructures de protection fonctionnelles. Plusieurs responsables estiment que la menace ne se limite pas à une hypothèse théorique et souhaitent une réponse concrète, en complément des garanties offertes par l’OTAN.
La réhabilitation des abris a aussi une portée symbolique : elle marque le retour de préoccupations que beaucoup pensaient reléguées au passé. Comme l’ont montré les conflits récents, la vulnérabilité des populations civiles est devenue un enjeu stratégique majeur. En modernisant ses refuges, la Lituanie cherche non seulement à renforcer sa défense intérieure, mais aussi à envoyer un message de résilience à ses partenaires et à ses voisins.
Si ces efforts reflètent une crainte d’un affrontement plus direct avec Moscou, ils rappellent également que la préparation civile reste un pilier de la sécurité nationale. À l’heure où les menaces prennent des formes plus diversifiées — missiles, drones ou attaques hybrides —, les abris ne sont plus perçus comme des vestiges du passé, mais comme des équipements indispensables pour préserver la cohésion et la confiance des citoyens.
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