
Au début de 2025, Donald Trump, revenu à la Maison-Blanche, a rapidement remis sur la table son arme préférée en matière commerciale : les droits de douane. Fidèle à sa politique protectionniste, il a relevé fortement les taxes sur les importations jugées stratégiques. Parmi les pays visés, l’Inde a vu ses exportations de certains produits frappées d’une surtaxe de 50 %, une décision qui bouleverse les chaînes d’approvisionnement de plusieurs multinationales américaines. À l’inverse, le Maroc bénéficie d’un traitement beaucoup plus léger avec une taxe fixée à 10 %, ce qui change la donne pour les industriels en quête de solutions alternatives.
Le Maroc en ligne de mire de Target
Le groupe Target, l’un des poids lourds de la grande distribution américaine, illustre parfaitement ce mouvement. Face à la difficulté de maintenir ses flux d’importations depuis l’Inde, où sa filiale locale assurait l’essentiel de ses approvisionnements, la multinationale explore de nouvelles pistes. C’est ainsi que Rabat est apparu comme une destination prometteuse révèle Africa Intelligence.
Dès l’été dernier, plusieurs hauts responsables de l’entreprise se sont rendus au Maroc. Leur mission : étudier la possibilité de diversifier les sources d’achat vers le Royaume, notamment dans l’agroalimentaire et le textile. Les discussions ont porté moins sur les volumes que sur la capacité du Maroc à répondre à des exigences très strictes. Les représentants de Target ont insisté sur trois critères incontournables : le respect des droits syndicaux, l’interdiction absolue du travail des enfants et une traçabilité complète des produits. Ces standards, déjà appliqués sur le marché américain, sont devenus un passage obligé pour tout fournisseur espérant entrer dans l’écosystème du distributeur.
Opportunités et vigilance
Le Maroc apparaît désormais comme une sorte de “plan B” stratégique pour Target. Ce choix est d’autant plus logique que le Royaume dispose d’une double force : une base industrielle déjà intégrée aux marchés européens et africains, et un accès douanier plus avantageux aux États-Unis que l’Inde sous l’ère Trump. En d’autres termes, quand New Delhi se retrouve derrière un mur tarifaire, Casablanca voit s’ouvrir une nouvelle porte.
Cependant, cet intérêt américain ne doit pas être perçu comme une victoire automatique. Les fédérations marocaines, qu’il s’agisse de l’agroalimentaire ou du textile, sont conscientes que l’enjeu dépasse la simple signature de contrats. Il s’agit de prouver que les normes sociales et environnementales exigées peuvent être respectées sans fragiliser la compétitivité des entreprises locales. Pour certains observateurs, c’est un test grandeur nature de la capacité du Maroc à jouer dans la cour des grands distributeurs mondiaux.
Une nouvelle délégation de Target est d’ailleurs attendue au Maroc dans les prochains mois. Si les échanges aboutissent, le pays pourrait devenir une plateforme d’approvisionnement durable pour l’un des mastodontes du commerce de détail aux États-Unis.
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