
Pendant des décennies, les monarchies du Golfe avaient été tenues à l’écart des frappes israéliennes. Si ces États entretenaient souvent des liens complexes avec Tel-Aviv, aucune opération militaire directe ne les avait jusqu’ici visés. La géographie et la diplomatie les plaçaient dans une sorte de bulle protectrice : les affrontements entre Israël et ses adversaires se déroulaient traditionnellement sur d’autres terrains – Gaza, le Liban, la Syrie. L’idée que Doha ou Abou Dhabi puissent devenir des théâtres d’opérations israéliennes semblait jusqu’alors impensable. Cette impression de sécurité a volé en éclats cette semaine.
Israël frappe pour la première fois à Doha
Mardi, des détonations ont secoué la capitale qatarie. L’armée israélienne, Tsahal, avec le soutien du Shin Bet, a reconnu avoir ciblé des dirigeants du Hamas présents sur place, dans une opération nommée Sommet de feu. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a confirmé que son pays assumait entièrement l’action.
Ce choix de viser le Qatar, considéré depuis longtemps comme un lieu d’accueil pour la direction politique du Hamas mais aussi comme un acteur diplomatique régional, marque une rupture. Pour beaucoup, cela revient à franchir une ligne rouge : la sécurité des bases arrière politiques de l’organisation n’est plus garantie.
Décision émirienne après les frappes à Doha
Le lendemain, les Émirats arabes unis, par l’intermédiaire de responsables officiels, ont envoyé un signal de désapprobation. D’après des informations relayées par le journaliste Yossi Yehoshua dans i24NEWS, Ynet et Yedioth Ahronoth, le ministère de la Défense israélien a été prévenu que les entreprises nationales du secteur militaire – notamment celles spécialisées dans l’armement – ne seraient pas admises au grand salon prévu en novembre à Dubaï.
Les autorités émiriennes parlent officiellement de précautions de sécurité, mais des responsables israéliens y voient une réaction claire aux bombardements de Doha. Cette décision, même limitée, traduit un avertissement : les accords de coopération conclus depuis les accords d’Abraham n’immunisent pas Israël contre des mesures de rétorsion.
Un signal plus politique que militaire
L’éviction des sociétés israéliennes d’un salon international n’a pas de conséquences stratégiques immédiates, mais elle a une portée symbolique forte. Elle rappelle que les partenariats noués au Moyen-Orient restent fragiles et peuvent se fissurer dès qu’un incident majeur survient. Israël a démontré sa capacité à frapper le Hamas au-delà des zones de conflit habituelles, mais cette situation s’accompagne d’un coût diplomatique qui pourrait s’amplifier si d’autres pays de la région suivaient l’exemple des Émirats.