
Depuis plusieurs décennies, certains colons israéliens vont au-delà des implantations reconnues et tentent d’établir des points d’ancrage sur des terres qui ne relèvent pas de la souveraineté israélienne. Le plateau du Golan, annexé en 1981 mais non reconnu internationalement, est un exemple de ces revendications unilatérales. Ces initiatives, menées en marge des décisions officielles, cherchent à transformer un fait accompli en légitimité territoriale. Ce schéma se répète aujourd’hui avec une nouvelle génération de militants qui, au nom de références bibliques, se tournent vers des zones extérieures aux frontières israéliennes actuelles.
Le Bachân comme nouvel horizon revendiqué
Un groupe récemment apparu, baptisé « Les Pionniers de Bachân », illustre cette dynamique. Fondé au printemps 2025, il s’appuie sur une lecture religieuse et historique pour justifier des revendications sur une région située au nord-est du Jourdain, associée dans la tradition juive au Bashan biblique. Ses membres affirment que ce territoire, aujourd’hui reconnu comme syrien, ferait partie intégrante d’Israël depuis des générations. Cette vision, défendue avec ferveur, n’est pas seulement symbolique : les militants ont posé une « première pierre » destinée à marquer la volonté d’implanter une colonie dans une zone située au-delà du Golan.
L’initiative rappelle d’autres tentatives de créer une présence sur des terres disputées en espérant transformer un geste isolé en réalité irréversible. Les Pionniers de Bachân, proches d’un autre groupe radical nommé Uri Tzafon, entendent ainsi projeter leur influence au-delà des frontières actuelles, en défiant à la fois les autorités israéliennes et la communauté internationale.
Une revendication qui dépasse la géographie
Ce qui se joue dépasse la simple appropriation foncière. En brandissant des références bibliques, ces militants replacent le débat sur un terrain identitaire et spirituel, ce qui rend toute négociation plus difficile. La référence au Bachân sert de justification idéologique, au même titre que certains colons ont invoqué le droit ancestral pour s’établir en Cisjordanie. On retrouve ici le même mécanisme : transformer une croyance en argument territorial, puis l’ancrer dans la réalité par des gestes concrets, même modestes.
De telles démarches comportent des implications directes pour la région. Elles fragilisent les perspectives de stabilité en ajoutant un foyer de tensions supplémentaires aux différends déjà existants autour du Golan. Elles illustrent aussi une tendance plus large où une minorité de militants cherche à élargir les frontières d’Israël non pas par la voie politique, mais par des initiatives locales, souvent perçues comme provocatrices par les pays voisins.
L’apparition des Pionniers de Bachân confirme que la bataille pour le contrôle des territoires ne se limite pas aux négociations diplomatiques. Elle se joue aussi sur le terrain, pierre après pierre, portée par des acteurs qui estiment que la légitimité religieuse prévaut sur les frontières reconnues. Cette approche, en voulant relier le présent au récit biblique, risque d’alimenter encore davantage les fractures régionales.