Sénégal : Matam s'organise face aux lâchers d'eau du barrage Manantali

Par lanouvelletribune  -  16 septembre 2025 08:17

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À Matam, la montée du fleuve Sénégal atteint de nouveaux seuils critiques. Pour protéger les habitants, les autorités locales ont procédé à la délocalisation de 17 villages et réquisitionné 33 écoles afin d’abriter les familles concernées. Les lâchers d’eau effectués au barrage de Manantali, combinés à de fortes pluies, accentuent la pression sur le cours d’eau. Cette mobilisation illustre les efforts de prévention déployés face à un risque d’inondation qui s’étend également à Podor, Saint-Louis et Kédougou. L’équilibre entre sécurité hydraulique et continuité des activités économiques reste l’un des enjeux majeurs de cette gestion de crise.

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Des mesures d’urgence pour contenir les crues

La Direction de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau (DGPRE) a signalé, le 14 septembre, une tendance haussière du fleuve à Matam et Podor, où les cotes d’alerte sont déjà dépassées. La situation est également suivie à Bakel, où une baisse observée pourrait s’inverser avec le retour des pluies orageuses et la poursuite des lâchers en amont. Pour limiter les risques, les autorités locales ont opté pour le déplacement de villages entiers et l’aménagement temporaire d’écoles en abris. Cette réaffectation des infrastructures scolaires, à quelques semaines de la rentrée, interroge aussi sur l’impact à long terme pour la continuité pédagogique.

Les lâchers opérés au niveau du barrage de Manantali, situé au Mali, obéissent à une logique de sécurité hydraulique. Cet ouvrage, essentiel pour la production d’électricité destinée au Mali, au Sénégal et à la Mauritanie, joue le rôle de régulateur. Lorsque la retenue d’eau atteint un niveau trop élevé, il devient nécessaire d’ouvrir les vannes afin d’éviter une surcharge susceptible de fragiliser l’ouvrage. Ce principe, comparé par certains ingénieurs à une soupape de sécurité, permet de prévenir des dommages structurels mais accentue en aval les risques de crues.

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Un risque récurrent aggravé par la pluviométrie

La région de Matam n’en est pas à sa première alerte. L’année 2024 avait déjà été marquée par de graves inondations, provoquant le déplacement de familles dont certaines n’ont toujours pas pu réintégrer leur logement. La saison actuelle se distingue par une pluviométrie particulièrement élevée, qui a déjà conduit le fleuve à dépasser ses niveaux habituels pour cette période. Cette répétition met en évidence la fragilité des aménagements existants et la nécessité de solutions durables pour sécuriser les zones habitées.

Au-delà de Matam, l’attention est également tournée vers Podor et Saint-Louis, où le relèvement du plan d’eau risque de se maintenir dans les prochains jours. Sur le fleuve Gambie, la tendance est variable : si plusieurs stations enregistrent une baisse, Kédougou a franchi le seuil d’alerte, ce qui pourrait annoncer de nouvelles difficultés. Les autorités envisagent un suivi rapproché, et la mise en place d’outils numériques de surveillance hydrologique fait partie des pistes évoquées pour anticiper ces évolutions, comme le suggèrent plusieurs études sectorielles.

L’épisode actuel souligne à la fois la dépendance régionale vis-à-vis de la gestion des grands barrages et l’urgence d’un renforcement des infrastructures d’accueil en aval. Les populations déplacées devront, encore une fois, s’adapter à une saison des pluies marquée par l’incertitude.