
Au salon aéronautique de Changchun, la Chine a levé le voile sur un projet militaire discret : la conversion de ses anciens chasseurs Shenyang J-6 « Farmer » en drones de combat. Ces appareils, retirés officiellement du service en 2005, réapparaissent désormais sous une forme modernisée. Cette annonce confirme des soupçons nés dès 2021 après la diffusion furtive de photos sur les réseaux sociaux. L’enjeu dépasse la simple réutilisation d’un avion obsolète : il illustre la volonté de Pékin d’élargir sa panoplie d’outils de guerre aérienne. Cette évolution interroge aussi la stratégie régionale face aux tensions persistantes autour de Taïwan.
Des indices anciens à la confirmation publique
La présence de plusieurs J-6 avait d’abord été repérée en octobre 2021. À cette date, le commandement du théâtre oriental de l’Armée populaire de libération (APL) avait publié sur Weibo des images montrant des appareils au marquage volontairement masqué. Quelques semaines plus tard, les satellites commerciaux de Planet Labs confirmaient que plus de 50 unités étaient stationnées sur la base de Liancheng, dans la province du Fujian, dont certaines placées en bout de piste. Ces éléments avaient nourri les spéculations : simple stock en réserve, cibles pour l’entraînement ou transformation en engins autonomes ?
La réponse a été apportée à Changchun rapporte The Aviationist. Pour la première fois, l’APL a présenté un exemplaire converti en drone de combat, aussi appelé UCAV. Concrètement, l’appareil a été dépouillé de son siège éjectable, de ses armes fixes et de ses réservoirs additionnels, remplacés par un système de pilotage à distance et des points d’attache externes. Un tel dispositif ouvre la voie à un usage multiple : missions de saturation des défenses, rôle de leurre ou frappes ciblées. Une analyse technique plus détaillée pourrait être publiée prochainement par des instituts spécialisés.
Un secteur stratégique en pleine mutation
Le domaine de l’armement connaît depuis plusieurs années une intensification rapide face aux menaces régionales et internationales. Les progrès technologiques, les conflits ouverts comme la guerre en Ukraine et la compétition entre puissances ont contribué à replacer les drones et autres systèmes autonomes au cœur des doctrines militaires. Les forces armées cherchent désormais à allier matériels de nouvelle génération et valorisation d’équipements plus anciens, capables de remplir des missions spécifiques à moindre coût. Dans ce cadre, la réutilisation de plateformes aériennes vieillissantes s’inscrit dans une logique d’optimisation budgétaire et opérationnelle. Des rapports d’experts disponibles sur ce sujet pourraient offrir des données complémentaires.
Pour Andreas Rupprecht, analyste reconnu de l’aviation chinoise, le dévoilement officiel des J-6 transformés indique probablement que Pékin a déjà franchi une nouvelle étape. Le pays met désormais en avant le Hongdu GJ-11 « Sharp Sword », drone de combat furtif qui a été montré lors de la parade militaire du 3 septembre à Pékin. À ses côtés, plusieurs prototypes encore inconnus ont également été révélés, signe que la diversification des vecteurs aériens sans pilote se poursuit.