
La compagnie publique Air Algérie a officialisé vendredi un vaste programme d’acquisitions, avec l’arrivée de 34 appareils d’ici 2028. Cette montée en puissance, destinée à moderniser son parc et élargir son réseau, intervient alors que Royal Air Maroc déploie elle aussi un plan d’expansion de grande ampleur. Entre Alger et Rabat, la compétition aérienne prend une dimension stratégique, chaque transporteur cherchant à s’imposer comme acteur majeur sur le continent africain. Les prochains exercices s’annoncent décisifs pour établir l’équilibre des forces régionales.
L’Algérie engage une modernisation accélérée
Le patron d’Air Algérie, Hamza Benhamouda, a précisé que les premières livraisons auront lieu dès le dernier trimestre 2025, avant de s’échelonner sur plusieurs années. D’après ce que rapporte Maghreb Emergent, ces acquisitions devraient permettre à la flotte de dépasser la barre symbolique des 100 avions à moyen terme, renforçant ainsi la capacité de la compagnie à desservir l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. L’entreprise vise également une extension supplémentaire pouvant aller jusqu’à 60 unités, ce qui traduirait une volonté de rattraper son retard accumulé face à la concurrence régionale.
Au-delà du simple renouvellement, il s’agit pour l’Algérie de repositionner son pavillon national dans un secteur hautement concurrentiel. Le transport aérien est considéré par les autorités comme un pilier de connectivité économique et un instrument d’influence internationale. Pour réussir, la compagnie devra toutefois conjuguer investissements matériels et amélioration de la qualité de service, un point souvent souligné par les voyageurs et les analystes du marché.
Air Algérie et Royal Air Maroc : deux trajectoires qui se croisent
L’annonce d’Air Algérie intervient au moment où Royal Air Maroc (RAM) déploie un grand projet. La compagnie marocaine, partie d’une flotte d’une cinquantaine d’appareils, vise près de 200 avions d’ici 2037, soit un quadruplement de ses capacités. Des discussions sont déjà en cours avec des constructeurs comme Airbus, Boeing et Embraer. D’après Capmad, elle a déjà reçu cinq nouveaux long-courriers en 2025, prévoit une dizaine d’avions supplémentaires avant la fin de l’année, puis d’autres livraisons en 2026.
La comparaison met en évidence deux logiques distinctes. Air Algérie privilégie un rajeunissement rapide de ses avions pour dépasser le seuil des 100 unités à court terme, avec la perspective d’un renforcement de 60 appareils supplémentaires. L’approche algérienne repose sur un calendrier condensé, visant à moderniser l’offre et à rattraper un certain retard opérationnel. Royal Air Maroc, de son côté, mise sur une expansion étalée sur plus d’une décennie, soutenue par un accord avec l’État, afin de se positionner comme un hub intercontinental reliant l’Afrique, l’Europe et l’Amérique.
Cette rivalité montre deux façons de penser la croissance : l’Algérie cherche à consolider rapidement ses bases, tandis que le Maroc construit une stratégie de long terme pour accroître son influence. Les deux modèles se feront face sur les mêmes marchés, transformant le Maghreb en zone clé pour la compétition aérienne africaine et internationale.