Justice : Les pays de l’AES quittent la CPI

Par lanouvelletribune  -  24 septembre 2025 14:20

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C’est un tournant majeur dans les relations entre l’Afrique et la justice internationale. Le lundi 22 septembre 2025, les régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont annoncé officiellement leur retrait de la Cour pénale internationale (CPI). Une décision qui secoue le paysage judiciaire mondial et relance le débat sur l’efficacité et l’impartialité de l’institution basée à La Haye.

Dans un communiqué conjoint, les trois capitales sahéliennes justifient ce retrait par une « perte de confiance » envers la CPI. Les dirigeants accusent la Cour de servir avant tout les intérêts occidentaux, au détriment de la souveraineté des nations africaines. « La CPI a cessé d’être un instrument de justice pour devenir un outil de domination », martèle un responsable à Bamako. Ce choix, inédit dans la sous-région, marque une volonté claire de rompre avec une justice perçue comme distante des réalités locales et partiale dans ses interventions.

Les pays de l’AES entendent désormais mettre en place des mécanismes régionaux de règlement des crimes graves. Selon Ouagadougou, il s’agit de promouvoir « une justice adaptée aux réalités africaines, plus proche des peuples et plus respectueuse des souverainetés ». Cette orientation pourrait renforcer les institutions judiciaires nationales et régionales, mais laisse planer des doutes sur leur indépendance face aux régimes militaires en place.

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Le retrait de ces trois États, en proie à des conflits internes et régulièrement accusés de violations des droits humains, suscite de vives inquiétudes. Les ONG de défense des droits de l’homme redoutent que cette décision n’aggrave l’impunité, privant les victimes de recours devant une juridiction internationale. « Les populations risquent d’être abandonnées à elles-mêmes », alerte un défenseur des droits basé à Niamey.

Cette rupture accentue le fossé entre la CPI et une partie de l’Afrique, où plusieurs voix critiquent depuis longtemps une institution jugée sélective et centrée sur le continent. Elle pourrait également inspirer d’autres pays en désaccord avec La Haye, fragilisant davantage la crédibilité de la Cour.