
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, Moscou cherche à moderniser rapidement ses équipements militaires pour compenser des lacunes stratégiques et technologiques. Les drones, capables de missions de surveillance ou d’attaque, sont au cœur de cette transformation, offrant aux forces russes une capacité de frappe et d’observation accrue. Selon une enquête menée par Reuters, des éléments récents montrent que la Russie a trouvé des appuis techniques inattendus à l’étranger pour accélérer ce développement.
Des experts chinois impliqués dans le développement
L’enquête de Reuters révèle que des spécialistes chinois ont effectué plusieurs déplacements vers les installations d’IEMZ Kupol, un fabricant russe d’armes placé sous sanctions occidentales. Leur rôle ne se limitait pas à des consultations superficielles : ils ont participé directement à des travaux de conception technique sur des drones militaires, notamment sur l’intégration de systèmes de vol avancés et de moteurs spécifiques.
Toujours selon Reuters, Kupol a également reçu plus d’une douzaine de drones d’attaque produits par la société chinoise Sichuan AEE, acheminés par l’intermédiaire russe TSK Vektor, lui aussi sous sanctions. Ces engins ont été évalués et testés sur le terrain pour optimiser leurs capacités. Les documents examinés par Reuters, comme les factures commerciales et les relevés bancaires, confirment ces transferts. Les autorités russes, y compris le Kremlin, le ministère de la Défense et IEMZ Kupol, n’ont pas souhaité commenter ces informations, précise Reuters.
Une neutralité officielle contestée
Malgré ces échanges, la Chine continue de déclarer officiellement, comme l’a indiqué son ministère des Affaires étrangères à Reuters, qu’elle n’a fourni aucune arme létale aux belligérants et qu’elle exerce un contrôle strict sur les exportations de technologies sensibles, y compris les drones. Cette position contraste avec les observations rapportées par Reuters, mettant en évidence une distinction entre les déclarations publiques et les interactions techniques concrètes.
L’enquête de Reuters souligne la complexité de la circulation des technologies militaires sous sanctions. Cela indique également combien des coopérations discrètes peuvent avoir un impact stratégique significatif sur le conflit, alors que le champ de bataille évolue rapidement.