
Fondée en 1960, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) reste un pilier de l’économie mondiale, rassemblant 13 États, principalement du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Amérique latine, et contrôlant 40 % de la production mondiale de brut. Son pouvoir réside dans sa capacité à ajuster l’offre pour stabiliser les prix, une influence qui persiste malgré les bouleversements du marché et la montée en puissance des énergies vertes.
Mais son rôle ne se limite plus à la régulation des quotas. Face à la concurrence américaine et chinoise, ainsi qu’à l’essor des renouvelables, l’OPEP mise sur des alliances stratégiques pour préserver son poids géopolitique. Entre diplomatie énergétique et adaptation forcée, l’organisation navigue dans un monde où le pétrole, bien que dominant, n’est plus intouchable.
L’Afrique, nouveau terrain de conquête
Avec 120 milliards de barils de réserves inexploitées, l’Afrique est devenue le nouvel eldorado de l’OPEP. Lors de la Semaine africaine de l’énergie 2025 au Cap, son secrétaire général a présenté une feuille de route ambitieuse : intégrer le continent aux chaînes d’approvisionnement mondiales via des investissements massifs dans les infrastructures et le transfert de technologies.
Un pari sur l’avenir, alors que des pays comme la Namibie, où Shell et TotalEnergies ont découvert d’immenses gisements offshore, émergent comme de nouveaux pôles pétroliers. L’Algérie, membre historique depuis 1969, conserve une place centrale en Afrique du Nord, tandis que d’autres nations bénéficient de financements et d’expertise pour développer leur secteur. Pour l’OPEP, il s’agit à la fois de sécuriser de nouvelles ressources et d’étendre son influence dans une région en pleine expansion énergétique.
Transition verte : entre adaptation et résistance
Pourtant, l’horizon se trouble. La demande en hydrocarbures devrait reculer avec le développement du solaire et de l’éolien, sous l’impulsion de la Chine (qui a rappelé sa volonté de neutralité carbone à l’occasion de la dernière session de l’ONU) et d’une Union européenne volontaire, forçant l’OPEP à un numéro d’équilibriste : promouvoir un pétrole « responsable » tout en défendant un modèle critiqué pour son impact climatique. D’ici à ce que la bascule s’opère véritablement cependant, il risque d’y avoir encore quelques années d’exploitation rentables sur lesquelles surfer.