
Il y a quelques années, l’Algérie avait nourri de grandes ambitions avec un programme de 7 milliards de dollars visant à transformer son phosphate. Imaginé comme un complexe intégré entre Tébessa, Souk Ahras, Skikda et Annaba, ce plan piloté par Sonatrach et le groupe chinois CITIC devait hisser le pays au rang de puissance régionale des engrais. Mais ce projet phare a fini par s’essouffler, miné par les reports successifs et l’absence de mise en œuvre concrète. Cette expérience avortée reste dans les mémoires comme un rappel que les promesses spectaculaires ne se traduisent pas toujours en réalisations tangibles.
Une proposition de 1,6 milliard $ au cœur des échanges
C’est dans ce décor que la société Asia Potash International Investment (Guangzhou) Co. Ltd est venue présenter son projet à Alger. Évaluée à 1,6 milliard de dollars, l’initiative prévoit la construction d’un complexe industriel intégré destiné à transformer le phosphate en produits à forte valeur ajoutée. Ammoniac, urée et engrais composés seraient au cœur de la production, avec le gaz naturel utilisé comme matière première principale précise Algérie Eco.
La rencontre, organisée au siège de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), a réuni le vice-président du groupe, Zeng Yue, et plusieurs responsables algériens. Autour de la table, des représentants des secteurs de l’énergie, des mines, de l’industrie et de l’environnement ont examiné les contours du projet. La discussion a porté sur la faisabilité, la disponibilité des ressources locales et l’adéquation de l’initiative avec les orientations stratégiques du pays.
Entre ambitions étrangères et attentes locales
Cette démarche s’ajoute à d’autres signaux venus de Chine. La société CITIC Construction, autrefois impliquée dans le projet intégré de Tébessa, a récemment multiplié les discussions avec la Société nationale de recherche et d’exploitation minières (Sonarem) pour revenir dans la partie. Cette simultanéité illustre la place stratégique que prend de nouveau le phosphate algérien sur la scène internationale.
Pour l’Algérie, l’enjeu dépasse le simple chiffre de l’investissement. Ce qui se joue, c’est la capacité à transformer ses richesses sur son sol et à réduire sa dépendance aux importations de fertilisants. La comparaison est parlante : exporter uniquement du minerai brut revient à vendre du blé, alors que produire engrais et composés chimiques équivaut à livrer du pain, avec tout le bénéfice supplémentaire que cela représente.