Armement en Europe : un groupe allemand veut s’imposer comme le meilleur

Par lanouvelletribune  -  27 septembre 2025 12:02

Image placeholder

Alors que la rivalité stratégique s’intensifie entre grandes puissances et que les conflits régionaux ravivent la demande d’équipements militaires, l’Europe redécouvre l’importance de renforcer son autonomie en matière de défense. Les budgets augmentent, les chaînes d’approvisionnement sont repensées et de nouveaux partenariats émergent. Plusieurs industriels cherchent à occuper une position centrale dans ce marché en expansion. Cette dynamique rappelle celle d’une course technologique où chaque acteur tente de maîtriser non seulement les armes traditionnelles, mais aussi les domaines émergents comme le spatial et le naval. C’est dans cette compétition que Rheinmetall, géant allemand connu pour ses munitions et blindés, entend désormais franchir une étape décisive.

De la terre à la mer : l’ambition stratégique de Rheinmetall

Rheinmetall, longtemps identifié comme un fournisseur majeur de véhicules blindés et de systèmes terrestres, a progressivement élargi ses activités aux drones, aux satellites et aux systèmes de protection navale. L’acquisition annoncée de Naval Vessels Lürssen (NVL), branche militaire du constructeur naval Lürssen, marque un tournant. En intégrant la construction de frégates, de corvettes et de navires de soutien, l’entreprise souhaite devenir un acteur complet, capable d’équiper les forces armées sur tous les fronts.

Cette opération vise à combiner l’expérience de Rheinmetall en matière d’armements et de technologies embarquées avec le savoir-faire historique des chantiers Lürssen. Avec environ 2 100 salariés et un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros en 2024, NVL représente une base solide pour bâtir cette nouvelle branche. L’acquisition, prévue pour être finalisée en 2026 sous réserve d’approbation des autorités, reflète la volonté de l’Allemagne de consolider son industrie navale et de mieux rivaliser avec d’autres constructeurs européens.

Redessiner l’équilibre industriel européen

L’initiative de Rheinmetall ne se limite pas à une simple diversification ; elle redéfinit le paysage de la défense en Europe. En réunissant sous une même bannière les moyens terrestres et maritimes, le groupe crée un pôle capable de proposer des solutions intégrées aux armées européennes, souvent contraintes par des calendriers serrés et des besoins croissants. Cette approche pourrait inspirer des rapprochements similaires entre d’autres industriels, soucieux de ne pas rester en retrait dans cette nouvelle ère de réarmement.

Pour l’Allemagne, la manœuvre renforce également son rôle dans la coopération militaire européenne, à un moment où les tensions géopolitiques poussent à renforcer les capacités communes. Elle soulève cependant des questions sur la concurrence entre chantiers navals du continent, certains craignant une concentration excessive du marché.

En consolidant ses forces sur mer comme sur terre, Rheinmetall cherche à devenir un fournisseur incontournable de la défense européenne. Ce mouvement illustre le glissement du secteur : la réussite ne se mesure plus seulement à la qualité d’un produit, mais à la capacité d’offrir des systèmes complets et interconnectés. L’avenir dira si cette stratégie permettra au groupe allemand de tenir sa promesse d’être un acteur central face à des concurrents qui, eux aussi, cherchent à dominer le marché.