Armement : avec « Replicator », les USA en difficulté face à la Chine

Par lanouvelletribune  -  28 septembre 2025 09:53

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Le programme « Replicator » lancé par le Pentagone visait à déployer des milliers de drones autonomes d’ici août 2025. Conçu pour contrer la montée en puissance militaire de la Chine, il devait reposer sur des systèmes aériens, terrestres et maritimes « petits, intelligents et peu coûteux ». Selon le Wall Street Journal, l’initiative a pris du retard et n’a pas atteint ses objectifs initiaux. À Washington, ces défaillances soulèvent des interrogations sur la capacité américaine à rattraper ses rivaux dans ce domaine clé. La réorganisation récente du programme marque une tentative de redressement mais reste entourée d’incertitudes.

Un projet ambitieux en quête de résultats

Lancé en 2023, « Replicator » devait accélérer l’intégration de l’intelligence artificielle dans les systèmes d’armement. L’objectif affiché consistait à constituer rapidement des essaims de drones capables d’opérer de façon autonome sur terre, en mer et dans les airs. Les autorités américaines espéraient ainsi disposer d’une force de dissuasion moins coûteuse que les équipements traditionnels comme les avions de chasse ou les navires de surface. L’initiative était présentée comme un changement de paradigme pour faire face à des adversaires dotés de moyens technologiques croissants.

Le Wall Street Journal rapporte cependant que le projet a connu des retards liés à des difficultés d’intégration des logiciels et à des problèmes de coordination entre des appareils issus de fabricants différents. Des contraintes budgétaires et logistiques ont également freiné la production et la mise en service des premiers prototypes. Ces obstacles ont conduit le Pentagone à transférer la supervision de « Replicator » à une nouvelle entité, le Defense Autonomous Warfare Group, placée sous l’autorité des forces spéciales afin de relancer le développement. Des discussions sont en cours pour établir un partenariat industriel plus large, susceptible de soutenir la production à grande échelle.

Ces contretemps suscitent des inquiétudes dans les milieux politiques et militaires à Washington, où l’on souligne que la rapidité d’adaptation sera déterminante dans les prochaines années. Des élus estiment qu’un effort supplémentaire de financement et de coordination avec le secteur privé sera nécessaire pour que les États-Unis conservent une avance dans la robotisation du champ de bataille. Cette situation alimente également un débat sur le rôle futur des systèmes autonomes et sur le cadre juridique encadrant leur emploi.

La Chine en tête dans la course aux drones

La Chine a pris une avance notable dans le développement et la production de drones militaires au cours des dix dernières années. Ses industries d’armement ont su associer des investissements publics massifs à un réseau de fournisseurs civils, permettant de produire rapidement des modèles adaptés aux besoins tactiques. Pékin a également multiplié les exportations vers des pays d’Asie, du Moyen-Orient et d’Afrique, ce qui lui a permis de tester ses appareils sur divers théâtres d’opérations et d’améliorer leurs performances.

Cet avantage s’appuie sur un écosystème technologique national plus intégré et sur une capacité de fabrication à grande échelle, réduisant les coûts unitaires. L’armée chinoise, notamment sa composante aérienne et navale, dispose désormais de plusieurs catégories de drones — reconnaissance, frappe ou brouillage électronique — déjà déployés dans des zones stratégiques comme la mer de Chine méridionale. Ce déploiement soutenu nourrit les préoccupations des responsables américains qui jugent essentiel de combler l’écart pour préserver l’équilibre des forces dans l’Indo-Pacifique.

Le retard du programme « Replicator » a donc une portée stratégique : il met en lumière la difficulté pour les États-Unis d’adapter leur système d’acquisition militaire à des innovations rapides et à des menaces émergentes.

Plusieurs analystes estiment que seule une coopération renforcée entre les acteurs publics et privés permettra de rivaliser avec le rythme d’industrialisation chinois. Des discussions portent aussi sur la standardisation des protocoles de communication et sur la protection contre les brouillages et cyberattaques, autant d’éléments cruciaux pour garantir la fiabilité des systèmes autonomes.

Alors que la compétition technologique dans le domaine militaire s’intensifie, le sort de « Replicator » sera observé de près par les alliés et les rivaux des États-Unis, tant il illustre les défis d’un secteur où la supériorité se mesure désormais en algorithmes et en capacité de production.